
Paris, le mercredi 19 septembre – Depuis dix ans, à
intervalles réguliers, professionnels et institutions dénoncent le
naufrage de la pédopsychiatrie française… sans qu’aucune autorité
ne propose de mesures fortes pour y remédier, pas même le Président
de la République à l’occasion de la présentation hier, en grande
pompe au palais de l’Élysée du « plan de transformation du
système de santé ».
A l’occasion de trois jours de conférence « pour améliorer
la prise en charge des troubles psychiques des jeunes européens
» organisés par le réseau européen des Défenseurs des droits des
enfants, sa présidente, Geneviève Avenard s’inquiète à son tour de
la situation.
Ainsi, dans le quotidien Le Parisien, elle résume la teneur
des travaux qui seront présentés lors de ce congrès sur cette
question.
Déjà dix départements sans pédopsychiatrie !
« Il y a en France une pénurie importante de
pédopsychiatres (…). La densité moyenne n’est que de 15
pédopsychiatres pour 100 000 jeunes de moins de 20 ans avec une
grande inégalité territoriale. Selon la Direction générale de
l’offre de soins, dix départements ne comptent aucun lit
d’hospitalisation en psychiatrie pour les enfants et les
adolescents ! Dans certaines zones, il n’y a même plus de
spécialistes, ni d’enseignants chercheurs. Les futurs
pédopsychiatres ne peuvent donc plus être formés ».
Elle pointe également l’allongement des délais pour
l’obtention d’un rendez-vous, qui ont dépassé les 6 mois pour les
centres médicaux psychopédagogiques qui sont pourtant « la
première porte d’entrée des enfants, en situation de mal-être »
rappelle-t-elle.
Autre calamité française, dénoncée en son temps par le
Contrôleur général des lieux de privation de liberté : «
certains adolescents de 15-16 ans qui ont besoin d’être
hospitalisés en psychiatrie se retrouvent dans les mêmes services
que les adultes (…) Ce n’est pas leur place. Cette situation (…)
peut aggraver leur anxiété ».
Geneviève Avenard souligne enfin, comme nouveau stigmate de la
crise, la forte augmentation de consommation de psychotropes chez
les enfants ces dernières années. « Ils sont utiles pour calmer
les angoisses, lutter contre la dépression, l’hyperactivité, les
troubles mentaux. Mais c’est aussi la facilité. On ne veut pas que
cette prise de médicaments se fasse au détriment d’une approche
thérapeutique et éducative. Misons plutôt sur l’accompagnement.
Cette hausse de prescription médicamenteuse doit être une
alerte ».
Geneviève Avenard ne pouvait mieux conclure : « quand
aura-t-on un sursaut ? On est au bord de la catastrophe
».
Frédéric Haroche