Les rapports étroits entre les modifications intestinales et les spondyloarthrites (SpA) sont connus de longue date. Ainsi, les atteintes rhumatologiques des maladies inflammatoires intestinales (MICI) sont de type SpA ; de même, les arthrites réactionnelles à point de départ digestif.
Cependant, dans le cadre des SpA, l’intestin a longtemps été considéré seulement comme un élément associé ou comme une source de complications extra-articulaires, alors que, aujourd’hui, de nombreux arguments permettent de le considérer comme un acteur à part entière de la maladie rhumatismale. Pour exemple, une atteinte inflammatoire de l’intestin est présente dans près de la moitié des cas de SpA. Il a, de plus, été montré un lien entre l’inflammation digestive, l’activité du rhumatisme, l’inflammation des articulations sacro-iliaques et l’augmentation des marqueurs biologiques de l’inflammation digestive (protéines 100) ou d’anticorps antimicrobiens.
Par ailleurs, on sait maintenant que l’axe IL-23/Th17 joue un rôle majeur dans la physiopathologie des spondyloarthrites. Or l’intestin exerce également un effet très important dans l’activation d’IL-23 avec, vraisemblablement, une migration de cellules lymphoïdes exprimant le récepteur de l’IL-23 vers le sang, la moelle osseuse et les articulations, et l’implication de molécules d’adhésion, en particulier dans l’augmentation de la perméabilité intestinale.
Le rôle des agents microbiens du tube digestif semble aussi notable, le déséquilibre du microbiote étant susceptible de favoriser des phénomènes inflammatoires locaux et d’accroître la production d’IL-23.
Cette nouvelle lecture des relations entre SpA et intestin fait bien sûr émerger diverses perspectives thérapeutiques au premier rang desquelles se situent des actions sur l’axe IL-23/Th17. La modification du microbiote pourrait aussi être une option, via le recours à des probiotiques, des manipulations diététiques, voire des transplantations de microbiote fécal. Les pistes thérapeutiques explorées dans les MICI pourraient également être testées dans les spondyloarthrites.
Dr Patricia Thelliez