Radioprotection et cardio-intervention

La Belgique réalise globalement trois fois plus d’examens au CT scan que la France elle-même. La cardiologie interventionnelle y participe bien évidemment. La radioprotection est donc une problématique majeure, tant pour les patients que pour les médecins et leur équipe.

On connaît les effets dramatiques des radiations ionisantes qui se manifestent sous la forme de cancer, rappelle le Pr Dominique Blommaert en commençant sa communication au Congrès du BeHRA. Les études qui ont suivi les effets des bombes nucléaires et des accidents industriels l'ont montré: des cancers peuvent encore apparaître très tardivement. Mais on connaît moins d'autres effets à long terme, comme par exemple l'impact de ces rayonnements sur l'athérosclérose vasculaire ou les accidents cérébro-vasculaires. En fait, il faut distinguer les effets déterministiques, dont la gravité est dose-dépendante, et les effets stochastiques, qui ne connaissent pas de dose seuil et dont la probabilité augmente avec la dose.

Prendre conscience des doses

Les procédures au CT scan sont responsables de 50% des doses de radiation, la radiologie interventionnelle en fournit 15% et la fluoroscopie conventionnelle 10%. Si on considère les doses globales délivrées collectivement par les CT, on voit que l'angiographie est responsable de 13% de ces doses. La dose d'irradiation moyenne encaissée par le patient lors de l'implantation d'un appareil de synchronisation est de 22 mSv, avec des extrêmes allant de 2,2 à 95 MSv. Et les doses reçues par le cardiologue et le radiologue au cours d'une telle intervention sont loin d'être négligeables. C'est dire l'importance de la radioprotection. Celle-ci comprend notamment – mais pas seulement – la mesure des doses reçues et les spécialistes soulignent l'importance de l'usage d'un deuxième dosimètre, en plus du dosimètre classiquement situé sous le tablier de protection, à hauteur du thorax. Ce second dosimètre devrait être placé hors du tablier, à hauteur du cou. Il ne faut pas non plus sous-estimer l'importance de l'irradiation diffusée, qui constitue en fait la source d'exposition la plus importante pour les opérateurs. D'où l'idée de proposer un écran protecteur souple entre le côté du patient et le cardiologue (figure, from EP Europace, 2014 ; 16(7) : 946-64).


ALARA, le grand principe

Les principes de cette repose sur l'idée ALARA, As Low As Reasonably Achievable. Cette idée a trois piliers: justification, optimisation et responsabilité dans la limitation des doses. Elle fait appel à un rythme aussi lent que possible des impulsions fluoroscopiques, à l'évitement de la cinéradiographie et à une collimation optimale.
Mais une autre précaution importante, voire majeure, insiste le Pr Blommaert, est la connaissance de l'anatomie locale, qui permet d'éviter les surprises en cours de procédures. Les particularités de configuration sont ainsi repérées au préalable. Et la procédure s'en trouve facilitée dans la mesure du possible, d'où une moindre irradiation pour tous.

Dr Jean Andris

Référence
12e Belgian Heart Rhythm Meeting (Zaventem, Belgique) : 4-5 octobre 2018.

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