Ranking blues

Paris, le samedi 9 mai 2015 – Le début de la semaine a été marqué par les images d’une maternité particulièrement heureuse : la duchesse de Cambridge a présenté aux yeux du monde entier, le visage sereinement endormi de sa fille Charlotte. Grâce à un accompagnement médical unique, la jeune mère a pu sortir de l’hôpital quelques heures à peine après avoir donné naissance à son enfant. Si nous l’avons déjà dit, de telles conditions sont rares, les femmes britanniques jouissent également d’un accompagnement obstétrical d’une grande qualité. Selon le classement établi chaque année par l’Organisation non gouvernementale Save the Children, qui désigne les meilleurs (et les pires) lieux pour devenir mère, dont la dernière édition a été dévoilée cette semaine, la Grande-Bretagne se place à la vingt-quatrième place mondiale.

Mortalité maternelle et parité

Ce "palmarès" des pays en fonction de leur qualité d’accueil des mères est totalement sans surprise : les dix premières places du podium sont toutes occupées par des pays européens, à l’exception de la neuvième qui revient à l’Australie. Il s’agit même dans leur très grande majorité (si l’on exclut l’Espagne) de pays du nord de l’Europe, Norvège, Finlande et Islande en tête. On retiendra que la France se hisse à la vingt-troisième place et les Etats-Unis à la 33ème. Si l’on observe la queue du peloton (le classement compte 179 pays), on ne compte, outre Haïti, que des pays d’Afrique subsaharienne. Des résultats peu étonnants lorsqu’on se réfère aux critères retenus pour établir ce tableau. Trois sont des indicateurs classiques : mortalité maternelle, mortalité infantile et niveau de scolarisation. A ces trois items, l’ONG ajoute deux autres éléments : le revenu national brut par habitant et, ce qui pourra être discuté par certains, le niveau de "parité" politique (défini par le nombre de femmes au Parlement, un critère qui ne peut que favoriser davantage les pays scandinaves !).

Mieux vaut accoucher en Syrie qu’au Maroc, vraiment ?

Le choix de ces critères sans s’intéresser également à la stabilité politique du pays explique certains éléments surprenants du classement. On observe ainsi que la Libye (50ème), l’Iraq (100ème) ou la Syrie (111ème) connaissent des classements plus favorables que d’autres pays qui sans être des endroits idylliques pour donner naissance à un enfant, pourraient facilement être préférés par certaines mères pour vivre leur accouchement (on songe par exemple au Maroc à la 125ème place).

Dangereuses cités

Au-delà de ce classement dont la pertinence peut, on le voit, parfois être discutée, le rapport de Save the Children s’intéresse cette année à la situation particulière des villes. Elle relève, sans surprise, la situation dramatique des femmes vivant dans les bidonvilles des grandes agglomérations dans les pays émergents ou pauvres. « A Delhi, en Inde, seules 19 % des femmes vivant dans des bidonvilles sont assistées par une personne qualifiée lors de l’accouchement de leur bébé (en comparaison, elles sont 99 % dans les quartiers des villes les plus riches) » relève par exemple l’ONG. Ces disparités que l’on constate dans les zones urbaines ne concernent pas uniquement les pays du Sud ; dans les états les plus riches ces différences s’observent également. Dans certaines grandes villes des pays les plus fortunés de la planète, les taux de mortalité maternelle dépassent ainsi largement celui affiché dans le pays : c’est notamment le cas à Washington, Vienne, Berne (mais pas à Paris). « Le taux d’étrangers plus élevé dans les villes y contribue » relève Save the Children qui donne l’exemple de la Suisse où « les barrières linguistiques et le manque d’informations sur le système de santé empêchent de nombreuses femmes issues de l’immigration d’avoir accès un suivi médical pendant et après l’accouchement ».

Aurélie Haroche

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