Dans le cadre d’une session consacrée au « Retard de croissance intra-utérin, du diagnostic à la prise en charge », le Dr M. Rolland (Toulouse) a abordé le devenir à long terme de l’enfant ayant un retard de croissance intra-utérin (RCIU), en répondant à trois interrogations dominant le pronostic à l’âge adulte, portant sur la croissance, le développement neuro-cognitif et le risque métabolique et cardiovasculaire.
Quelle croissance ultérieure ?
La croissance in utero est déterminée par l’insuline et des
facteurs de croissance insulin-like (IGF), l’IGF1 et l’IGF2. Le
taux d’IGF de l’enfant ayant un RCIU, bas à la naissance, se
normalise dès la fin du premier mois de vie, et cette normalisation
est associée à la prise de poids.
Le Dr Rolland observe que le rattrapage post-natal est rapide, au
cours des six premiers mois de vie, et avant 3 ans pour la majorité
des enfants, mais note que 10 à 15 % des enfants ne rattrapent pas
leur retard, que 10 % restent au-dessous du 10e percentile à 8 ans
et sont à haut risque de petite taille à l’âge adulte.
Parmi les facteurs prédictifs de la taille adulte, il relève : la
taille de la mère (facteur important de croissance fœtale et de
rattrapage) et l’existence ou non d’un retard à 4 et 8 ans.
Quel pronostic neuro-cognitif ?
L’exposé attire l’attention sur la difficulté de détermination
du devenir neuro-cognitif des enfants ayant un RCIU, en raison de
l’existence de nombreux facteurs confondants potentiels
(prématurité associée, prise en charge néonatale, niveau
socio-culturel parental, par exemple).
La majorité des publications rapportent des séquelles
neuro-motrices plus fréquentes, de moins bons résultats scolaires,
et des emplois moins qualifiés à l’âge adulte.
Il constate que le risque d’infirmité motrice cérébrale, multiplié
par 5 ou par 6 selon les études, apparaît surtout pour des âges
gestationnels dépassant 34 semaines, en comparaison des populations
eutrophiques, « comme si la prématurité gommait les différences et
égalisait les risques ».
Parmi les éléments prédictifs du déficit cognitif figureraient : la
diminution du périmètre crânien, surtout si le ralentissement de la
croissance a été observé avant la 26e semaine ; le QI inférieur aux
témoins à l’âge de 5 à 7 ans.
Une fréquence accrue d’anomalies comportementales, hyperactivité
notamment, est rapportée.
Quelles relations avec le syndrome métabolique ?
Des relations entre RCIU et coronaropathies, HTA, diabète de
type 2, insulinorésistance, et la survenue plus fréquente du
syndrome métabolique sont observées par plusieurs études.
Poids de naissance, RCIU, absence de rattrapage à 1 an apparaissent
associés à une mortalité coronarienne 3,5 fois plus fréquente, à un
risque de diabète de type 2 multiplié par 8, à un risque d’HTA
multiplié par 2,5, et le syndrome métabolique serait retrouvé chez
30 % des hommes de plus de 60 ans lorsque le poids de naissance est
inférieur à 2,5 kg.
Dr Julie Perrot