REALITI-A : les bénéfices du mépolizumab dans l’asthme sévère

Le mépolizumab est un anticorps monoclonal humanisé qui cible spécifiquement l'interleukine-5 (IL-5). A ce titre, il fait partie des biothérapies capables d’améliorer le contrôle des formes sévères et évolutives de l’asthme comme l’ont démontré des essais randomisés, menés à double insu contre placebo, pour la plupart hautement concluants. Qu’en est-il dans la vie réelle ? Rares sont les études à apporter des éléments de réponse, ce qui fait tout l’intérêt d’une étude de cohorte prospective internationale dite REALITI-A. Elle a en effet inclus 822 patients (âge moyen : 54,0 ans ; femmes : 63 %; moyenne géométrique du nombre d’éosinophiles dans le sang : 353 cell/μL ; fumeurs : anciens/actifs 40 % ; non-fumeurs 60 %).

Tous les participants étaient atteints d’un asthme sévère, comme en témoigne la prévalence élevée de la corticothérapie orale (39 %). Dans tous les cas, le mépolizumab a été administré par voie SC (100 mg/injection), à condition que le nombre d’exacerbations au cours de l’année écoulée soit connu avec précision, cette condition préalable étant sine qua non. Les critères d’efficacité primaire ont été au nombre de deux : taux d’exacerbations cliniquement significatives nécessitant une corticothérapie orale et/ou une consultation aux urgences/hospitalisation). Les critères secondaires ont porté sur les exacerbations nécessitant une consultation aux urgences ou une hospitalisation et maintien de la corticothérapie orale. Les résultats d’une analyse intermédiaire portant sur les patients suivis pendant une durée médiane de 366 jours sont présentés, alors que l’étude doit durer deux ans.

Des exacerbations moins fréquentes et moins de corticoïdes

Au total, l’exposition au mépolizumab a été associée à une diminution hautement significative de la fréquence des exacerbations cliniquement significatives qui est passé de 4,28 (pré-) à 1,23 (post-exposition) / an, ce qui conduit à un risque relatif de 0,29 [IC95 % : 0,26–0,32]). Les exacerbations nécessitant une hospitalisation ou des consultations en urgence ont été réduites de manière identique, leur fréquence passant de 0,95 à 0,23 / an, soit un RR de 0,24 [IC 95 % 0,20 à 0,29]). Pour ce qui est de la corticothérapie de maintien et des doses prescrites, les données disponibles n’ont concerné que 298 patients à l’inclusion et 222 entre les semaines 53 à 56. La dose médiane de maintien a été réduite entre l’inclusion et les semaines 53-56, passant de facto de 10 à 2,5mg/jour. Près d’un patient sur deux (95/222) a pu interrompre la corticothérapie orale entre les semaines 53 et 56. Des évènements indésirables transitoires majoritairement bénins ont été signalés par 10 % des participants (n=85). Les évènements jugés sérieux n’ont concerné que six patients (< 1 %).

Comme son acronyme l’indique, l’étude d’observation REALITI-A, menée dans les conditions de la vie réelle plaide en faveur de l’efficacité clinique du mépolizumab chez des patients atteints d’un asthme sévère. Elle confirme les enseignements des essais contrôlés au travers d’une réduction significative de la fréquence des exacerbations et du recours à la corticothérapie orale de maintien. Il s’agit là de résultats intermédiaires au bout d’une année de suivi, lesquels devraient se confirmer à plus long terme puisque la durée de l’étude a été fixée à deux années.

Dr Philippe Tellier

Référence
Pilette C et coll. : Étude prospective internationale en vie réelle du mépolizumab chez les patients souffrant d’asthme sévère à un an: REALITI-A. 26ème congrès de pneumologie de langue française (CPLF). Lille Grand Palais : 21-23 janvier 2022.

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