Recherches au long cours

Edinbourg, le samedi 14 novembre 2015 – La recherche sur les agents pathogènes empreinte parfois à l’archéologie. Les biologistes raffolent de ces indices que nous offre le passé et qui permettent d’en savoir plus sur les conditions d’évolution de certains micro-organismes. L’équipe de Charles Cockell du centre d’Astrobiologie de l’Université d’Edinbourg en Grande-Bretagne se propose d’utiliser une approche quelque peu différente en projetant une expérience scientifique qui devra perdurer pendant 500 ans !

Avec le temps…

Le projet révélé il y a quelques semaines a été initié en juillet 2014 et devrait donc théoriquement s’achever à l’été 2514. En dépit des nombreuses avancées de la science et d’une connaissance de plus en plus précise des agents microbiens, de nombreuses questions demeurent observe Charles Cockell dans une publication sur le site Research Gate : « Quel est exactement le taux de perte de viabilité des microbes lorsqu’ils sont dormants (…) ? Certains meurent-ils rapidement en laissant un noyau de population résistante capable de survivre beaucoup plus longtemps ? Est-ce que beaucoup survivent, mais commencent soudainement à mourir après un laps de temps quand se sont accumulés un certain nombre de dommages biomoléculaires ? » s’interroge par exemple le scientifique.

Rendez-vous en 2514

Pour répondre à ces nombreuses interrogations et en se basant sur de précédents travaux ayant exploré la longévité et viabilité de différents agents microbiens, l’équipe de Charles Cockell a mis en place un protocole dont elle espère qu’il sera suivi fidèlement par ses successeurs. Leur expérience repose ainsi tout d’abord sur la conservation dans 800 flacons d’un ou deux micro-organismes résistants à la dessiccation.  Une série s’intéressera aux endospores de Bacillus subtilis, quand d’autres fioles seront destinées à l’observation de Chroococcidiopsis sp. Dans un premier temps, tous les ans pendant 24 ans (jusqu’au moment de la retraite de Charles Cokell ?), la viabilité des micro-organismes ainsi conservés sera observée. Après cette première période, la fréquence des contrôles s’élargira nettement : les analyses seront réalisées tous les 25 ans jusqu’au 30 juin 2514, date du dernier test programmé. La publication décrit également les différentes analyses qui mériteront d’être réalisées et qui se concentreront notamment sur l’impact des radiations. La transmission des résultats aux équipes successives représentera également un point crucial pour la bonne réussite de cette expérience dont les promoteurs, s’ils s’interrogent sur la longévité de ces bactéries, ne semblent cependant n’avoir aucun doute sur celle de l’Université d’Edinbourg (de même qu’il leur est impossible de spéculer sur les avancées de la science et des technologies au cours des cinq siècles prochains). Il faut dire que le monde anglo-saxon n’est pas exempt d’expérience au long cours. Celle du carillon électrique d’Oxford a ainsi été initiée en 1840 et perdure encore aujourd’hui, tandis que le botaniste William James Beal lança en 1879 un essai sur la germination qui doit normalement se dérouler jusqu’en 2100.

Léa Crébat

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