Certains patients traités par imatinib dans le cadre de leur leucémie myéloïde chronique (LMC) parviennent à obtenir la rémission moléculaire complète (RMC). La RMC signifie que la maladie résiduelle bcr-abl+ est indétectable avec les techniques actuelles de RT-PCR quantitative en temps réel. Elle ne signifie pas que la maladie est éradiquée mais que le nombre de cellules leucémiques persistant dans l’organisme se situe entre zéro et un million.
En 2007, Rousselot et coll. rapportaient dans Blood une série de 12 patients en RMC depuis au moins 2 ans chez lesquels l’imatinib avait été arrêté. Une rechute moléculaire est survenue chez 50 % des patients dans les 6 premiers mois d’arrêt, rechute sensible à la reprise de l’imatinib. Les autres patients sont toujours en RMC sans traitement. Cette phase pilote a été complétée à 15 patients avec des résultats comparables et a été suivie par la mise en place d’un essai clinique académique national financé par un PHRC national sous l’égide du FILMC : l’essai STIM ou Stop IMatinib. Les investigateurs principaux sont les Dr François-Xavier Mahon (Pessac, investigateur coordonnateur national), Philippe Rousselot (Hôpital Le Chesnay, Versailles), et pour la partie immunomonitoring, les Dr Laurence Legros (Hôpital de l’Archet, Nice) et moi même (Saint-Louis, Paris), un peu de publicité n’est pas coutume !
L’objectif est de confirmer les résultats de la phase pilote et de rechercher des facteurs prédictifs de la persistance de la RMC ou de la rechute à l’arrêt de l’imatinib. L’essai ouvert depuis l’été dernier prévoit d’inclure 50 patients. Actuellement, un grand merci à nos collègues hématologues qui sont très actifs puisque plus de 30 patients ont été inclus et de nombreux autres patients sont en attente d’inclusion.
Le suivi est court, de l’ordre de 7 mois pour les premiers
patients inclus. Il serait ainsi prématuré de parler de résultats,
mais, pour l’instant, aucune mauvaise surprise. Si les résultats de
la phase pilote se confirmaient, cet essai pourrait modifier les
pratiques avec des économies de santé indubitables grâce aux
patients demeurant en arrêt de traitement, et des objectifs
thérapeutiques optimaux à faire évoluer : obtenir la RMC dans une
proportion la plus large possible de patients.
Et bien sûr, des questions : que faire pour pouvoir arrêter de
façon stable l’imatinib chez les patients qui rechutent après
l’arrêt du traitement ? Et enfin : que se passe t-il chez les
patients demeurant en RMC sans imatinib : sont-ils guéris ?
Persiste t-il tout de même quelques cellules leucémiques
indétectables dans l’organisme, immunologique ou autre, mais sous
contrôle ?
Promis, plus de résultats concrets à partir de fin 2008.
Dr Delphine Rea