Paris, le samedi 17 janvier 2014 – Le long et tout à la fois rapide déroulé du chemin ne nous laisse pas toujours le loisir de se retourner. De laisser à ses pas la possibilité d’un autre sens. Les retours pourtant sont souvent aussi nécessaires et cruels que les départs. Revenir sur une blessure. Une douleur qui n’avait presque l’air de rien. Un obstacle que l’on pensait avoir dépassé. C’est l’œuvre du dernier livre de Colombe Schneck. « Dix-sept ans » est un récit intime, à la plume incisive qui évoque comment Colombe Schneck à l’heure des premiers amours a avorté. En faisant ce « retour » sur elle-même, sur cet acte qu’elle a longtemps tu, Colombe Schneck offre deux lectures. D’abord, elle révèle combien l’avortement demeure un moment de solitude, de souffrance pour les jeunes femmes et combien par ailleurs il les hante pour longtemps. Colombe Schneck affirme ainsi penser chaque jour à cette absence, à cet enfant qui n’est pas né. Mais ce « retour » est également un rappel, un discours engagé en faveur de la liberté des femmes, une volontaire piqûre de rappel.
Exploration à Tours
Colombe Schneck fait le constat que de nombreux combats menés par les femmes demeurent aujourd’hui toujours prégnants. Cependant, en découvrant le portrait de Thérèse Planiol, en faisant ce retour en arrière jusqu’au début du siècle dernier, on mesure le chemin parcouru. C’est aussi pour ces découvertes que les retours sont nécessaires. Morte il y a quasiment un an jour pour jour à l’âge de 99 ans, Thérèse Planiol, dont on célèbre cette année le centenaire de la naissance, fut la première femme agrégée de physique médicale. Pionnière de médecine nucléaire et à l’origine de travaux importants sur le cerveau, elle devra se battre contre certains de ses collègues masculins pour s’imposer et plus encore pour imposer la création d’un service d’explorations fonctionnelles au CHU de Tours. Cette ville qui fut la sienne lui rend aujourd’hui hommage en proposant à la bibliothèque universitaire de médecine Emile-Aron une importante exposition qui retrace son parcours.
Un tour d’Asie complet
A l’image de la carrière de Thérèse Planiol, le voyage du professeur Daniel Loisance fut lumineux. En 2004, le praticien choisit une terre isolée, quasiment abandonnée de tous pour effectuer un voyage humanitaire qui se révélera passionnant : la Birmanie. Le praticien va pendant dix ans y former des chirurgiens et des infirmiers et contribuera même à fonder une école birmane de chirurgie cardiaque. Celui qui s’était précédemment rendu en Chine et au Japon pour exporter son savoir, garde de ses années birmanes un souvenir particulier et unique. Il l’évoque dans son ouvrage « Histoire de cœur en Birmanie », qui n’est pas seulement un retour sur la médecine, mais d’abord une découverte de cette terre si méconnue.
Attention autour
Mais au lendemain du retour il y a parfois la mort. C’est le destin implacable de Bett Emhoff. Revenant de Hong Kong, elle meurt subitement, laissant inconsolable son mari et son fils, très vite emporté à son tour. Et le virus s’emballe, entraînant dans son sillage la panique et le désespoir. C’est l’histoire de « Contagion », diffusé ce dimanche 18 janvier sur TF1 et qui pour beaucoup signera un triste « retour » à la réalité, évoquant sans doute de récentes épidémies, voire des épidémies redoutées. Au-delà, le film se regarde comme un thriller haletant où le talent de Matt Damon, tentant avec les épidémiologistes de retracer le parcours de sa défunte femme pour comprendre l’inexplicable, est pour beaucoup.
Livre :
« Dix-sept ans », de Colombe Schneck, éditions
Grasset, 96 pages, 10 euros
« Histoire de cœur en Birmanie », Professeur Daniel Loisance, Editions Fiacre, 28 euros
Expositions : « Thérèse Planiol », bibliothèque universitaire de médecine Emile-Aron, 10, Boulevard Tonnellé, Tours, jusqu’au 7 février
Télévision : TF1, « Contagion », dimanche 18 janvier, 20h50
Aurélie Haroche
