
Bichkek, le samedi 4 novembre 2017 - La décision du Kirghizstan d'enterrer une momie du Tarim vieille de 1500 ans, provoque la colère du monde scientifique. Rappelons à ceux qui l'auraient oublié que, découvertes entre la Chine et le Kirghizstan, au Tarim, ces momies apparaissent pour les spécialistes comme essentielles à la compréhension des grandes migrations humaines.
Cette décision met en lumière l'influence des mythes païens sur des élites de ce pays pourtant biberonnés au matérialisme dialectique. D’ailleurs une des justifications avancées pour ces funérailles (tardives) a semblé résonner avec le passé soviétique de cette république d’Asie centrale, la momie en question n’étant, pour des hiérarques Kirghizes, qu’une femme ordinaire et non un illustre leader méritant conservation et exposition comme Lénine !
Dans les faits, l'enterrement était plutôt réclamé à cor et à cris par tous ce que le pays compte de médiums influents et non par des vielles badernes brejnéviennes. Ils prédisaient, à qui voulaient les entendre (et ils étaient apparemment nombreux dans les hautes sphères !) une catastrophe si la relique restait exposée dans un musée. Zamira Mouratbekova, sorte de madame soleil Kirghize, affirmait ainsi avoir reçu un message du monde des esprits ordonnant aux autorités d'enterrer la momie : « Elle n'était jamais morte (…) En l'enterrant à nouveau, nous avons évité un bain de sang ».
Kadycha Tachbaïeva, archéologue de son état et de cet état dénonce ainsi une décision motivée par les conseils de charlatans. « On s'imagine que ces gens ne sont que des sectaires et des marginaux. Mais ils se font entendre et l'Etat fait écho à leurs positions ». Soulignons en effet que bien que le pays soit majoritairement musulman, les pratiques chamaniques demeurent répandues au Kirghizstan. Ainsi, en 2011, les députés avaient sacrifié rituellement sept moutons dans l’enceinte du parlement pour exorciser mauvais esprits et mauvais œil…
F.H.