Rougeole vaccinale

J.-L. MICHEL,

Saint-Etienne

Baptiste, 15 mois, est adressé pour des plaques érythémateuses aiguës, fugaces, sans dermographisme, sans prurit pour une urticaire prédominante au niveau des grands plis. Les lésions sont apparues la veille et sont en phase d’extension.

Observation

Lors de l’examen clinique, l’enfant est grognon, avec altération de l’état général et hyperthermie à 38° C. Il n’y a pas de diarrhée. On note que la thyroïde n’est pas perçue, la palpation abdominale est normale, les aires ganglionnaires sont libres, l’auscultation pulmonaire est normale.

La nuque est souple et l’appétit est conservé : il n’y a aucun argument pour une réaction méningée. La langue est framboisée, ce qui signe une réaction virale. Il n’y a pas de conjonctivite ou de chéilite pouvant orienter vers un syndrome de Kawasaki. En revanche, on note à la face interne de la muqueuse jugale un signe de Köplick. Les oreilles sont rouges, avec des lésions derrière les oreilles. Il a reçu la première injection de vaccination ROR 8 jours auparavant.

Commentaire

Un exanthème est observé dans 2 à 5 % des cas entre le 6e et le 12e jour après vaccination contre la rougeole, et dans 5 à 10 % des cas après vaccination contre la rubéole. On ne note pas de réaction au point d’injection, ce qui va à l’encontre d’une manifestation allergique. Il s’agit d’une réaction au virus vivant atténué. Une fébricule est observée chez 10 à 20 % des enfants vaccinés, qui dure de 24 à 48 heures. Ces réactions générales se produisent du 5e au 12e jour après l’injection. Si la réaction est légère avec une hyperthermie faible, cela ne doit pas modifier le rythme des injections suivantes. Le virus atténué a en effet perdu le pouvoir de diffusion des virus sauvages, il n’y a donc pas de contamination possible pour l’entourage (notamment vis-à-vis des femmes enceintes de l’entourage). Le rash est fugace. Le traitement peut se contenter d’une prescription de Primalan®sirop : 1 cuillère mesure par 5 kg de poids et par jour, soit 1 cuillère-mesure matin et soir. Après le vaccin, il existe aussi un risque de convulsion hyperthermique, plus rarement de méningite aseptique, et exceptionnel de purpura thrombopénique. Le risque lointain de panencéphalite subaiguë sclérosante est réel, mais
5 à 40 fois inférieur à celui lié au virus de la rougeole sauvage.

Pour en savoir plus

• Tischer A, Gerike E. Immune response after primary and re-vaccination with different combined vaccines against measles, mumps, rubella. Vaccine 2000 ; 31(18) : 1382-92.
• Aubertin J, Morlat P. New strategies of vaccination in France in 1995. Rev Med Interne 1996 ; 17 : 684-8.
• Poser CM. Notes on the pathogenesis of subacute sclerosing panencephalitis. Neurol Sci 1990 ; 95 : 219-24.
• Profeta ML, Ferrante P, Porro De’ Somenzi C. A survey on factors affecting acceptance of measles vaccine. Eur J Epidemiol1986 ; 2 : 128-33.
• Croft PB. Para-infectious and post-vaccinal encephalomyelitis. Postgrad Med J 1969 ; 45 : 392-400.

Copyright © Len medical, Dermatologie pratique, avril 2015

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Vos réactions (1)

  • Physiopathologie ?

    Le 10 octobre 2015

    Quelles bases physiopathologiques de la prescription de primalan dans une erruption d'origine virale ?

    Dr Benseghier

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