Rythme circadien et troubles cognitifs

Tous les cliniciens ont observé des troubles du sommeil à type d’insomnie ou de somnolence chez les patients âgés et notamment chez les sujets déments. Mais les relations entre les troubles du sommeil et le processus dégénératif d’Alzheimer restent encore imprécises. Plusieurs travaux ont montré qu’il existe une relation bidirectionnelle entre les perturbations du rythme circadien et la pathologie Alzheimer. D’une part, la maladie d’Alzheimer peut entraîner une perturbation du rythme circadien au niveau des cellules rétiniennes, du noyau suprachiasmatique, de l’expression génétique corticale. D’autre part, il a été observé des anomalies du rythme circadien et des troubles comportementaux dans plusieurs modèles animaux de maladie d’Alzheimer.

On sait aussi que les patients avec une maladie d’Alzheimer ont également des perturbations des rythmes biologiques comme l’a montré l’étude de Lim qui a porté sur 3 353 participants de 3 cohortes de patients âgés :  la Rush Memory and Aging Project [MAP], la Religious Orders Study [ROS] et la Minority Aging Research Study [MARS]. Les performances cognitives des participants étaient meilleures en été. Le niveau de production de mélatonine, l’expression corticale génétique, mais aussi le taux d’amyloïde dans le LCR, variaient selon la saison. De même, il existait des anomalies tissulaires au niveau de structures importantes dans la régulation du rythme circadien, comme le noyau suprachiasmatique et les cellules ganglionnaires de la rétine à mélanopsine.

Inversement, des perturbations génétiques ou environnementale des rythmes circadiens chez les rongeurs entraînent à terme des troubles cognitifs et peuvent produire des anomalies pathologiques comme l’activation astrocytaire, l’inactivation microgliale et un stress oxydatif qui jouent un rôle dans le processus de vieillissement cérébral. En étudiant les données de la Rush Memory and Aging Project [MAP], Lim a aussi montré en 2013 que les sujets âgés avec un sommeil fragmenté avaient un plus grand risque de troubles cognitifs. Dans une autre étude, il a montré que ces troubles étaient associés à une atrophie focale cérébrale. Quelles sont les conséquences sur le plan thérapeutique ? Pour le moment, les données controversées sur l’efficacité de la photothérapie, de la mélatonine et d’autres interventions ne permettent pas de proposer des prises en charge validées.

Dr Christian Geny

Références
Lim et coll.: Circadian Rhythms in Aging and Neurodegeneration. 71e meeting annuel de l’American Academy of Neurology (Philadelphie) : 4-10 mai 2019.

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