La controverse persiste quant aux modalités du traitement chirurgical de la GEU tubaire : radical ou conservateur ? Actuellement il n’est pas acquis que la salpingotomie présente un avantage par rapport à la salpingectomie en termes de fertilité ultérieure.
Une étude internationale multicentrique, randomisée et contrôlée (European Study on Ectopic Pregnancy (ESEP) menée aux Pays Bas, Suède, Royaume-Uni et USA) a comparé les résultats à cet égard des deux types d’intervention.
Le critère de jugement principal était le délai de survenue d’une grossesse spontanée, délai défini par l’intervalle entre la date de la chirurgie et la date des dernières règles d’une grossesse (poursuivie jusqu’à au moins 12 SA ou l’accouchement d’un enfant vivant). Les critères de jugement secondaire étaient la persistance de trophoblaste nécessitant un traitement additionnel par méthotrexate et les récidives de GEU.
Ont été incluses dans cette étude les femmes présentant une GEU tubaire confirmée par la chirurgie, un état hémodynamique stable, une trompe controlatérale saine, et un désir de grossesse.
Les taux d’hCG plasmatique ont été mesurés chez toutes les patientes après la chirurgie jusqu’à ce qu’ils deviennent indétectables. Ensuite les femmes ont été contactées tous les six mois, pendant une période de 36 mois, afin d’évaluer la fertilité ultérieure.
Au total 454 femmes ont été incluses dans cette étude entre septembre 2004 et novembre 2011, dont 221 ont été assignées au groupe salpingotomie et 233 au groupe salpingectomie. L’âge moyen était de 31 ans (SD=6) dans les deux groupes. Les données de suivi étaient disponibles pour 348 femmes (82 %).
Le délai médian de survenue d’une grossesse spontanée a été de 21 mois (Intervalle de confiance à 95 % [IC 95] : 15 à 27) après salpingotomie et 17 mois (IC 95 : 8 à 26) après salpingectomie.
Une PT a été observée dans 13 cas (5,6 %) dans le groupe salpingotomie vs un cas (0,5 %) dans le groupe salpingectomie (Risque relatif [RR] =14 ; IC 95 : 1,8 à 104). Huit femmes (3,6 %) du groupe salpingotomie ont eu une récidive de GEU contre quatre (1,7 %) du groupe salpingectomie (RR= 2,1 ; IC 95 : 0,64 à 6,9). L’âge, les antécédents de GEU, les taux préopératoires d’hCG plasmatique et la taille de la GEU n’étaient pas significativement corrélés au délai de survenue d’une grossesse spontanée. La salpingotomie a été convertie en salpingectomie chez 37 femmes (17 %) à cause de saignements incontrôlables dans la majorité des cas.
Ainsi, les données de cette étude montrent qu’en cas de GEU tubaire avec trompe controlatérale saine, la salpingotomie n’améliore pas le délai de survenue d’une grossesse spontanée et est plus fréquemment associée à une persistance de trophoblaste.
Dr Viola Polena