Dans le cadre de l’élaboration de la stratégie nationale de santé et de la loi de santé, de nombreux acteurs étaient d’accord sur le fait que notre système de santé était à la fois dans une sorte de « fin de cycle » et à la veille de transformations majeures. Globalement, d’un système conçu pour des prises en charge courtes de pathologies aiguës chez des malades d’âge moyen, il s’agit de s’adapter rapidement à un besoin de prise en charge, dans la durée et dans la complexité, de malades plus âgés et atteints de pathologies chroniques. L’enjeu numéro un de notre système de santé est donc d’apprendre la coordination au bénéfice d’un même patient, entre de nombreux acteurs et sur des périodes de temps longues.
Une des options retenues dans la loi de santé pour affronter ce défi est celle des stratégies territoriales. Ces stratégies territoriales, de manière complémentaire à d’autres prévues par la loi (sur les métiers de la santé, les relations médecins – malade, le remboursement des soins…), préservent des éléments fondamentaux auxquels citoyens et professionnels sont très attachés : la liberté des patients et celle des « offreurs de soins », notamment la liberté d’installation des médecins.
Dans ce contexte, quel peut être le rôle d’un directeur d’hôpital pour tenter de mieux organiser les relations ville-hôpital ?
François Crémieux : « La première priorité est de prendre en compte l’enjeu territorial de manière mieux structurée au sein de l’hôpital. Les services hospitaliers s’intéressent aux patients qu’ils prennent en charge. L’enjeu - pas nouveau mais désormais urgent - est aussi de s’intéresser au territoire et précisément à tous ces patients chroniques dont l’hôpital est un acteur parmi d’autres et, le service hospitalier, une étape dans un parcours de soin long et parfois erratique. Précisément, il s’agit que les responsables de pôle (chefs et cadres de pôle) aient pour mission prioritaire de « s’intéresser de manière structurée à leur environnement, en amont et en aval du ‘temps hospitalier’ de chaque patient. »
Et comment tout faire avec la contrainte économique actuelle ?
François Crémieux : « La contrainte économique est là. Face à elle, une seule option : transformer notre système de santé et l’adapter pour préserver l’essentiel, c’est-à-dire la qualité des prises en charge et la solidarité nationale pour en assurer le financement. C’est possible.
L’alternative du statu quo et donc de fragilisation progressive de tout l’édifice serait une injure à notre contrat social. »
Dominique Monnier