L’inactivité physique est le fait de ne rien faire, ce qui limite bien évidemment le risque d’exposition du poumon aux toxiques. Est-ce délétère pour l’organisme ? Et qu’en est-il par rapport au tabagisme ? Henriette Smit (Utrecht) a tenté de répondre à ces questions au cours d’une session éducationnelle de l’ERS en rappelant d’abord que le tabagisme multiplie les risques de cancer du poumon (par 23 chez l’homme et 13 chez la femme), les risques de mortalité par BPCO (RR [risque relatif] = 12), d’asthme (RR = 2) et de tuberculose (RR = 1,5). Sans compter les risques hors de la sphère pulmonaire : atteinte des coronaires (RR = 2-4), du cerveau (RR d’AVC = 2-4), cancers autres (RR = 3 et plus selon les sites), risque d’infertilité, d’ostéoporose…
Pour l’inactivité, les choses sont moins évidentes, même s’il apparaît que le risque de BPCO est clair, mais faible, et que le risque de développer un asthme est très variable selon les études. A contrario, on peut affirmer qu’une activité physique régulière réduit le risque de décès de toutes causes, de diabète, de cancer et de cardiopathie ischémique. Quoi qu’il en soit, les études randomisées ont malgré tout démontré que l’inactivité physique exerce un effet délétère : multiplication par 1,2 du risque de cancer du sein, par 1,3 de celui du cancer colorectal, par 1,7 du risque de cardiopathie ischémique, et par 1,1 celui de cancer du poumon…
Même si cette augmentation du risque est faible intrinsèquement, elle n’en concerne cependant pas moins de 31 % de la population mondiale, a souligné Henriette Smit. Pire, 80 % des enfants âgés aujourd’hui de 13 à 15 ans font moins de 60 minutes/jour d’activité physique. Les experts ont ainsi fait passer l’inactivité pour le risque de décès du 21ème rang en 2000, au 17ème rang aujourd’hui !
Alors l’inactivité physique est-elle aussi dangereuse que le tabagisme ? Tout est relatif quand on sait que l’inactivité tue environ 2,2 millions de personnes chaque année (contre 5,8 millions pour le tabagisme), tout en entraînant une perte de DALY (espérance de vie corrigée de l’incapacité) de 45 millions (contre 134 millions pour le tabagisme). Au total, c’est 1,8 à 4 % de la population mondiale qui aura à souffrir (ou mourir) de l’inactivité…
Dr Dominique-Jean Bouilliez