Paris, le vendredi 24 avril 2020 – Depuis l’annonce d’une
sortie progressive du confinement à partir du 11 mai on constate un
certain cafouillage dans les annonces gouvernementales. Même les
services de communication gouvernementaux semblent naviguer à vue.
Ainsi alors qu'Édouard Philippe était censé annoncer les contours
du déconfinement, c'est pour le moment Emmanuel Macron qui, au
compte-goutte, dévoile des informations à la presse.
Par région ? Par territoire ?
Ainsi, si l’exécutif travaille encore avec Jean Castex à son
plan de déconfinement dont la présentation est prévue mardi,
l’Elysée a laissé entrevoir ce jeudi quelques pistes de sortie,
affirmant notamment que le déconfinement ne serait pas
régionalisé…mais territorialisé ! Le déconfinement s’adaptera ainsi
aux « réalités de chaque territoire », a précisé l’Elysée à
la presse mais ne se fera « pas de manière régionalisée, mais
dans un cadre national dont les modalités seront adaptées
territoire par territoire ».
Pour fixer ces mesures, le couple exécutif s’appuiera sur les
conseils des préfets, présidents de régions, et maires.
Pourtant, le matin même, Bruno le Maire avait déclaré :
« est-ce qu'il faut tenir compte des disparités régionales ?
C'est une évaluation sanitaire qui devra être faite. La situation
n'est pas la même en Nouvelle-Aquitaine où il y a eu moins de cas
de Covid ou en Ile-de-France où le virus circule beaucoup
».
Édouard Philippe avait lui aussi évoqué un rythme de
déconfinement « régionalisé » lors de son audition à
l'Assemblée nationale, dès le 1er
avril.
Des « territoires » et des maires aujourd’hui entre le
marteau et l’enclume puisque le 18 avril, le Conseil d’État avait
jugé que les édiles "ne peuvent, de leur propre initiative, prendre
d’autres mesures destinées à lutter contre la catastrophe
sanitaire" que celles décidées par l’État.
L’école obligatoire et volontaire
Même confusion concernant l’école. Après que le Président de
la république a annoncé pour des raisons d’égalité entre les élèves
le retour à l’école dès le 11 mai, la rentrée des classes semble
tourner à l’ouverture d’une garderie.
Ainsi, désormais, le retour progressif des enfants à l’école à
partir du 11 mai se fera « sur un principe de volontariat des
parents et sans obligation ». « Il n’y aura pas d’obligation
du retour à l’école. Il faudra de la souplesse » a même insisté
Emmanuel Macron.
La précision est sensible pour les syndicats, à l'heure où le
droit de retrait est dans toutes les têtes.
En outre, certains notent que cette rentrée sur la base du
volontariat serait contraire à la loi : « depuis la loi Ferry du
28 mars 1882, l'école est obligatoire. En matière d'éducation, il
ne peut y avoir de volontariat généralisé » souligne ainsi le
chef de file des députés LR, Damien Abad.
Confusion ensuite, sur une éventuelle distinction à faire
entre élèves du primaire et du secondaire. « Ce n'est pas
l'Elysée qui rentrera dans les détails », rétorque l'entourage
d'Emmanuel Macron, laissant planer un doute : « c'était une
réunion de travail, ce ne sont que des pistes, rien n'est abouti.
Tout cela doit être précisé par le gouvernement d'ici à la fin du
mois » ajoute-t-on après les annonces précipitées de
Jean-Michel Blanquer.
De quoi entretenir un peu plus encore le flou ambiant, alors
que les syndicats sont furieux de ne pas avoir été associés aux
annonces du ministre…finalement présentées comme des «
hypothèses » et non des décisions !
Port du masque : imposé ou recommandé ?
Sur les masques, que la Direction générale de la santé jugeait
inutiles voire dangereux il y a un mois, le gouvernement ne semble
pas plus savoir quelle position adopter.
Jeudi après-midi, à l’issue d’une visioconférence entre le
chef de l’État et des représentants des maires, l’Elysée a indiqué
que le port du masque serait « probablement » obligatoire
dans les transports en commun, partout sur le territoire, après le
11 mai. Le chef de l'Etat encourage d’ailleurs les édiles à « se
procurer massivement » des masques dits « grand public
», mais dans une « logique de recommandation », précisant
que « l'obligation n’interviendra que dans certains cas, comme
dans les transports »…tout en disant, y compris pour les
transports, privilégier « le registre de la recommandation à ce
stade ».
Les conditions de la distribution de ces masques restent
également floues. Plutôt que de s’appuyer sur le réseau officinal,
le gouvernement explique : « plusieurs modes de distribution ont
été identifiés pour permettre à un maximum de Français d’y avoir
accès. Le champ des possibles est très large et nous regardons
toutes les hypothèses : pharmaciens, mairies, grande distribution,
buralistes, plateforme Afnor, e-commerce, etc. ».
Enfin notons que toute politique de sortie du confinement
paraît incongrue à en croire les déclarations hier du Pr Salomon
devant la commission des affaires sociales qui a comparé cette
crise à la « peste de 1347 ».
Y a-t-il encore un pilote sérieux dans l'avion fou qu'est devenue notre république ?
Dr Jean-Paul Barre
Il est facile de critiquer
Le 24 avril 2020
Je lis votre conclusion qui se veut -je suppose- humoristique : "a suivre et à démasquer". Il me semble que ce qui serait à démasquer ce sont vos intentions quand vous rédigez un tel article. Qu'il est facile de critiquer, à l'abri de son écran, chez soi, en télétravail. Autrement difficile est l'art de prendre des décisions sur un sujet pour lequel il n'y a aucune certitude.
Alain Szlafmyc (pharmacien)
Trop de pilotes dans l'avion
Le 25 avril 2020
Avalanche de déclarations contradictoires, articles anxiogènes dans les médias et radios grand public... la palme à France Info d'ailleurs, qui n'est pas étrangère à la ruée sur les masques de février...sinon comment expliquer les FFP2 qui se baladent dans les rues... et maintenant le DGS qui évoque la peste...vu le confinement mollasson, et les divers articles évoquant son efficacité très modérée, on peut se demander combien de parapluies vont s'ouvrir encore pour protéger l'exécutif en cas de reprise de l'épidémie...dont la non saisonalité reste à démontrer...masques pour un peu diminuer la propagation virale...PCR pour reconfiner les cas suspects...tests sérologiques pour connaitre l'ampleur réelle de l'épidémie...mais pas assez de tests, les tests rapides non encore validés et pas de masques... Vu la gestion exemplaire de la phase ascendante,on ne peut oser douter de la phase de détente...