
Le lait de vache
La tolérance au lait de vache, que l’on observe dans 80 à 85 % des cas à l’âge de 3-4 ans, peut être accélérée si on introduit la cuisson de ce lait, une cuisson qui modifie le profil des protéines du lait, en particulier la bêta-lactoglobuline et l’alpha-lactalbumine mais pas la caséine. Plusieurs protocoles ont été décrits ; ils imposent tous une augmentation, graduelle de l’exposition aux protéines, soit avec du lait cuit, soit avec des muffins cuits de manière spécifique avec des œufs (ou un équivalent), de la farine ou du blé, du sucre, de la vanille et 1,2g de protéines de lait de vache. Ce mode de cuisson est cependant à revoir en cas d’allergies multiples. D’autre part, le niveau de cuisson n’est pas le même à l’intérieur du muffin qu’à l’extérieur, ce qui a conduit certains experts à proposer pour alternative du fromage, des pizzas ou encore des biscuits. Mais ces produits étant peu « diététiques », d’autres auteurs préfèrent utiliser des yoghourts contenant 1-2g de protéines de lait de vache.Quelle durée ?
Quant à la durée de ce régime, le dosage des IgG4 peut guider le praticien : ainsi, les patients avec un taux bas en IgG4 pour la bêta-lactoglobuline doivent suivre un régime de plus longue durée. De la même manière, l’augmentation des taux en IgG4 contre la caséine indique un processus de tolérance actif contre les protéines de lait de vache cuites, la plupart de ces patients développant rapidement une tolérance aux protéines de lait de vache crues. Enfin, il semble qu’une bonne balance entre taux d’IgE et taux d’anticorps IgG4 soit importante dans le développement de la tolérance.Les œufs de poule et l’arachide
Le même principe prévaut pour les œufs de poule : l’administration d’œufs cuits accélère la résolution d’une allergie aux œufs de poule. Pratiquement, cette tolérance s’obtient avec des muffins contenant l’équivalent de 10g, soit un sixième d’œuf, cuit durant 30 minutes dans un four à 180°C.Cette cuisson n’est pas possible pour l’arachide, raison pour
laquelle c’est par immunothérapie que l’on espère obtenir un
résultat, sachant cependant qu’une tolérance naturelle se produit
généralement avant l’âge de 2 ans.
Pour conclure
En résumé, plutôt que de proposer une éviction stricte en cas d’allergie alimentaire, la tendance prévaut aujourd’hui de favoriser l’introduction précoce et extensive de protéines cuites, ce qui permet d’augmenter le panel diététique de ces enfants, d’améliorer leur qualité de vie et de potentialiser leur tolérance à ces protéines crues. Pour les enfants sensibilisés aux noix et noisettes par contre, la recommandation reste de respecter leur éviction, qu’ils soient mono- ou polysensibilisés. On peut cependant introduire progressivement des fruits secs ‘sécurisé’ dans leur alimentation.Dr Dominique-Jean Bouilliez