Sourions un peu

Paris, le samedi 18 juillet 2015 – Même si le ton y est souvent moins compassé que dans la presse classique, même si les anecdotes que les auteurs croquent peuvent parfois se révéler réjouissantes, même si certaines plumes sont réellement douées de talent (notamment humoristique) parcourir la blogosphère médicale n’est pas exactement un moment de jubilation. Réflexions souvent contrastées pour ne pas dire désespérées sur l’avenir de la profession, mécontentement face à certaines exigences de certains patients, douleur à l’idée de ne pouvoir accompagner parfaitement de nombreux malades : les blogs servent principalement à découvrir ce qui tourmente les praticiens sur leur propre carrière et existence ainsi que sur celles de leurs patients. Mais l’été est souvent propice à un relâchement. Les doutes se laissent ensommeillés par la torpeur ambiante. Et l’on se prête doucement à sourire. Il ne s’agit même pas de se lancer béatement dans l’évocation de tout ce qui explique que le métier de soigner est fondamental et, à bien des égards, l’un des plus appréciable. Il s’agit de relever les petits moments où l’on oublie un instant la maladie et les tracasseries administratives pour rire et sourire.

Ça me fait mal quand je fais ça !

Dès le mois de juin, les internes du blog « Souriez vous êtes soignés » ont proposé quelques anecdotes plaisantes. On découvre un patient qui pour évoquer le « retentissement de ses douleurs sur la vie quotidienne », s’empresse de mimer ses « positions préférées du Kamasutra pour montrer lesquelles déclenchaient la douleur ». De quoi faire rire le praticien face à cette pantomime improvisée qui a pu se montrer plus que rassurant sur son diagnostic. Plus tard, ce même blog d’interne s’amuse à  repérer certains signes qui révèlent que certains patients sont peu habitués des us et coutumes médicaux, tel ce jeune patient « à qui je demande de mettre son bras dans le brassard du tensiomètre » et qui « y plonge les deux en même temps, comme si j’allais le ligoter ! Il est devenu tout rouge se rendant compte de la situation, ça m’a fait sourire » raconte avec gentillesse l’interne.

Chuchotements

Ces moments de décalage qui sont des instants d’évasion bienvenus dans une journée souvent lourde en responsabilités et en activités ne sont pas nécessairement liés à la situation du patient, ils peuvent également naître du médecin. Sur son blog, Farfadoc raconte ainsi comment elle a souffert pendant une quinzaine de jours d’une « laryngite satanique » qui a fait naître chez ses patients « de l’autre côté du bureau » quelques « réactions intéressantes ». Outre les plaisanteries habituelles l’invitant à « consulter », elle a souri en constatant que certains y voyaient une belle occasion de détourner la conversation afin que l’on évite de s’attarder sur des analyses un peu compromettantes. Mais, la journée la plus douce de cette période fut celle où privée de sa voix, elle ne pouvait plus que chuchoter. « Toute la journée, mes patients ont chuchoté en retour » raconte-t-elle. « C’était magique, parce que d’abord, c’est reposant une journée à un niveau de décibels aussi bas. Mais surtout, c’est magique de constater que même dans une position de « médecin » face à un « patient », les rôles ne sont pas si figés que ça. Et que l’empathie ça marche dans les deux sens » observe-t-elle avant de conclure : « Alors oui parois, il y a des patients irrespectueux, des lapins, des attitudes irritantes. Mais l’immense majorité de mes patients, ils chuchotent quand je ne peux pas parler ».

Concours du plus heureux

Un tel moment de poésie pourrait inciter certains à aller plus loin. Cherchons dans nos mémoires. Ce moment, cette heure où, comme un léger déclic, imperceptible mais indispensable, vous est apparue la raison essentielle pour laquelle vous avez choisi ce métier. C’est à cette réflexion que souhaite vous pousser Dr Millie auteur du blog « Journal de bord d’un médecin généraliste en Seine Saint-Denis » en lançant un concours qui consiste à rédiger un petit récit évoquant cette « anecdote, événement, moment de grâce ». A vos claviers !

Pour découvrir ces blogs heureux, vous pouvez cliquer ici :
http://blog.francetvinfo.fr/medecine
https://farfadoc.wordpress.com/
http://www.docteurmilie.fr/wordpress/

AH

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Vos réactions (2)

  • Et, là-bas, que lisez-vous ?

    Le 21 juillet 2015

    Je suis ophtalmologiste retraité et, à la lecture de votre article, me sont revenues quelques perles qui ont égayé ma carrière ... Je demandais évidemment toujours à mes patients quel était leur métier pour cibler leurs besoins visuels.
    - Que faites-vous Madame ?
    - Je travaille dans un bureau.
    - Je montre alors le tableau d'acuité visuelle : et, là-bas, que lisez-vous ?
    - Je lis " Intimité " et " Nous Deux "....
    - Sans commentaires ....
    Autre cas : début identique :
    - Et, là-bas, que lisez-vous ?
    - Docteur, me répond-t-elle d'une voix irritée, là-bas je ne lis pas, JE TRAVAILLE !
    Après ces deux charmantes dames, un monsieur :
    - Vous travaillez de près ou de loin ?
    - Pas très loin, Docteur, et j'ai une mobylette...
    On a parfois beaucoup de peine à garder son sérieux.....
    J'aime beaucoup votre revue. Je lis pratiquement tout. J'ai beaucoup apprécié cette parenthèses et j'irai sans nul doute " consulter " les blogs de mes honorés confrères.
    Dr Lerat (Nantes)

  • colique néphrétique

    Le 24 juillet 2015

    Docteur, "c'est très urgent, il tourne en courant dans le jardin avec une colique phrénétique".
    JL Breton

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