
La spondylarthrite ankylosante (SPA) fait partie des rhumatismes inflammatoires chroniques et, à ce titre, elle a une dimension systémique qui se manifeste principalement, dans son cas, par une atteinte oculaire ou cardiaque. L’insuffisance aortique (IA) est la plus classique des localisations cardiaques de la maladie sans que sa prévalence soit connue avec une grande exactitude, mais le spectre des valvulopathies associées à la SPA ne devrait-il pas être élargi ?
Une étude cas-témoins : plus de 4 000 cas de SPA
Une étude de cohorte transversale israélienne du type cas-témoins, basée sur les données du Clalit Health Services registry apporte des éléments de réponse à cette question. Ont été inclus 4 082 patients atteints d’une SPA confirmée et 20 397 témoins appariés selon l’âge et le sexe. La prévalence des valvulopathies définies selon les critères échocardiographiques en vigueur a été estimée dans chaque groupe.
L’association entre ces dernières et la SPA a été évaluée à l’aide d’une analyse multivariée par régression logistique avec ajustement en fonction des facteurs de confusion potentiels. La comparaison intergroupe a d’abord révélé que la prévalence des facteurs de risque cardiovasculaire était significativement plus élevée en cas de SPA (p< 0,001) et il en a été de même pour celle des cardiopathies valvulaires.
Principalement des valvulopathies aortiques
L’analyse multivariée a ainsi révélé une association indépendante entre SPA et éventualité d’une sténose aortique, l’odds ratio ajusté (ORa) étant en effet estimé à 2,25 (IC 95 % 1,57-3,23 ; p< 0,001]. Il en a été de même pour l’insuffisance aortique (OR : 2,44 ; IC 95 % 1,50-3,94, p< 0,001), l’insuffisance mitrale (ORa : 1,75 ; IC 95 % 1,17-2,61 ; p< 0,001), à la différence du rétrécissement mitral (ORa : 1,31 ; IC 95% 0,60-2,70 ; p = 0,47).
Cette étude transversale du type cas-témoins a le mérite de porter sur un effectif conséquent. Ses résultats plaident en faveur d’une association significative entre ce rhumatisme inflammatoire chronique et les valvulopathies du cœur gauche, à l’exception du rétrécissement mitral. Le retentissement de la SPA sur les structures vasculaires de type enthèse est-il en cause au travers de l’inflammation chronique qui vient amplifier le stress biomécanique ?
C’est possible et vraisemblable pour l’insuffisance aortique, mais cela reste une hypothèse pour le rétrécissement aortique et l’insuffisance mitrale qui peuvent traduire l’impact des facteurs de risque cardiovasculaire sur le système cardiovasculaire, d’autant que ces derniers sont plus présents chez les patients atteints d’une SPA. Des études de cohorte prospectives sont à l’évidence nécessaires pour en savoir plus.
Dr Philippe Tellier