Stars, paillettes et cancers

Paris, le samedi 23 mars 2013 – En chacun de nous sommeille une midinette. On a beau être un adulte raisonnable et raisonné, se moquer gentiment des gesticulations des stars de cinéma, bouder son plaisir quand on croise au hasard une célébrité, nous sommes très nombreux à nourrir une affection particulière pour un as du petit écran, un bourreau des cœurs de pellicule, un saltimbanque aux yeux d’ange. Or, une midinette qui meurt, c’est une groupie de moins. Pour les héros loufoques, déjantés, et à bien des égards décalés de la comédie belge de Joël Franka « Une Chanson pour ma mère », la groupie, précisément, c’est leur mère. Et elle se meurt, d’un cancer. Aussi, pour exaucer ses dernières volontés, ses quatre enfants (dont une quarantenaire névrosée, un moine et un « fils à maman ») et son gendre (le cynique et excellent Patrick Timsit) vont se mettre en quête de kidnapper Dave, auquel la grand-mère (Michèle Moretti) a toujours voué un culte. Le curieux aréopage et leur encore plus curieuse mission donnent évidemment lieu à de jolies scènes burlesques, tandis que Dave, dans son propre rôle, prouve que l’on peut être une star et cultiver parfaitement l’autodérision !

Des illusions démoniaques

Si les stars fascinent, plutôt que de les idolâtrer, certains préfèrent les imiter. Ils font de leur vie des instantanés de papier glacé. Parfois, cette aspiration aux paillettes éternelles est une « ruse ». Dans son dernier roman « Deux vies valent mieux qu’une », Jean-Marc Roberts l’avoue : « Le voilà, mon truc, subir toujours une petite contrariété qui me pèse mais gentiment. Alibi pour repousser depuis toujours le grand livre, la vraie bonne vie. Je pense que tout cela m’assomme. Je préfère les bouts, les instants, les petites ruses de magicien, les tours des illusionnistes ». L’illusion, le soleil comme s’il en pleuvait, une vie imaginée, il l’a peut-être apprise de son oncle « Félix » en Calabre, sorte « d’Humphrey Bogart arabe ». Félix affirme être un proche de Fellini, avoir été consulté pour certaines scènes du film « Blow up » : il fascine le petit « Marcolino » qui n’est pas encore le très sérieux Jean-Marc Roberts patron des éditions Stock. Mais « Deux vies valent mieux qu’une » n’est pas seulement un récit nostalgique de ces étés de lumière et de paillettes dans la Calabre de son enfance, c’est aussi le récit, sans pathos et avec humour, de son cancer (« Tumeur 1, saison 1 ») et de sa récidive (« Tumeur 2, saison 2 »). Là encore, les tours d’illusionniste permettent de sauver les instantanés de la vie. Plutôt que d’écouter avec précision les explications des médecins, Jean-Marc Roberts se concentre sur les personnages du grand hôpital : un cancérologue plein de verve, un orthophoniste prodigieux et un kinésithérapeute au prénom de star.

Démons illusionnistes

Il n’est pas nécessaire de souffrir d’un cancer pour avoir envie de s’échapper dans les paillettes. On peut tout simplement avoir quarante ans. Qu’est-ce qui pousse certains hommes (et certaines femmes) à cet âge crucial à flamber dans une voiture neuve, à écumer les bars avec nonchalance, à collectionner les conquêtes. Qu’est-ce que la crise de la quarantaine ? C’est la question que se pose le documentaire diffusé sur Arte jeudi 28 mars qui alterne séquences de fiction  (avec Max en possédé par le démon de midi) et séquences informatives avec les explications de chercheurs en endocrinologie, biologie et psychologie.

Improbables mais démons

Et si ces films et lectures ont tant flatté votre âme de midinette que vous brûlez de rencontrer des stars, des vrais, vous pourrez courir ce week-end au salon du Livre où l’on comptera de nombreux écrivains (et non écrivains) venus dédicacer leur œuvre. Les longues travées du parc des expositions de la Porte de Versailles à Paris réservent souvent d’intéressantes rencontres. Le journaliste Pierre Barthélémy viendra dédicacer son recueil de « Chroniques de science improbable », la psychanalyste Claude Halmos rencontrera ses lecteurs, Grand Corps Malade signera son livre témoignage « Patient » où il raconte l’expérience de sa rééducation après un grave accident de voiture et le docteur Patrick Pelloux ruera peut-être dans les brancards.



Film : « Une Chanson pour ma mère », de Joël Franka, sortie le mercredi 27 mars, (1h35).

Roman : « Deux vies valent mieux qu’une », de Jean-Marc Roberts, éditions Flammarion, 105 pages, 13 euros.

Télévision : « La quarantaine au microscope », Arte, le mercredi 27 mars, 22h30.

Exposition : « Le Salon du Libre », du vendredi 22 au lundi 25 mars, Parc des expositions, Porte de Versailles, 75015 Paris. 

Aurélie Haroche

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