Dans nos sociétés modernes a souligné le Pr David Lebreton, anthropologue, invité « extraordinaire » de ce congrès, le vieillissement est vécu comme une anomalie. Autrement dit il altère notre vrai visage, celui que l’on veut retrouver grâce aux interventions esthétiques dont le but n’est pas tant de « rajeunir mais de ne pas voir l’âge qu’on a »…
Même s’ils sont évidemment intriqués, il y a des différences entre le vieillissement intrinsèque et le vieillissement extrinsèque en particulier photo-induit avec dans ce dernier cas une diminution préférentielle des fibres de collagène VII, une fragmentation des fibres élastiques, une augmentation des glycosaminoglycans. La réponse au stress oxydatif (protéasome) est mise en défaut et les ROS (Reactive Oxygen Species) augmentent l’expression des métalloprotéinases (MPP) impliquées dans la dégradation du collagène de type 1. Mais contrairement à ce qui prévaut dans le vieillissement intrinsèque, il n’y a pas de raccourcissement des télomères dans le vieillissement photo-induit.
Enfin, des variants du gène MC1R (récepteur de la mélanocortine de type 1) ont été associés à une augmentation du risque de vieillissement photo-induit. Or, les UV peuvent induire une mutation au niveau de ce gène.
L’élastose solaire se traduit par des rides profondes perpendiculaires à la contraction des muscles, le revêtement cutané prend un aspect de peau de citron avec des pores dilatés mais l’on trouve aussi des kystes, des adénomes sébacés, une érythrocouperose, un trichostasis spinulosa, des lentigos, des kératoses. Le cou est le siège d’une érythrose interfolliculaire, de rides transversales, la nuque de rides losangiques. Enfin, au niveau des membres, on note une atrophie cutanée, des taches de lentigo solaire et des macules purpuriques, des pseudocicatrices stellaires spontanées, une hypomélanose en goutte. Sur le plan anatomopathologique, les signes de photo-altération concernent surtout la partie superficielle de la peau mais touchent aussi le derme.
Améliorer la texture de la peau, relisser, atténuer les rides sont les principaux objectifs de la prise en charge. Les moyens déployés dépendent bien sûr de l’importance des anomalies.
Dans un premier temps sont proposés : peelings superficiels, Laser de remodelage (rejuvénation IPL), protection solaire, cosmétiques anti-âge ; à un stade plus « évolué » : peelings au TCA (acide trichloroacétique) réclamant une éviction sociale de 8 jours, Lasers fractionnés non ablatifs (Fraxel) qui donnent un résultat identique sur les rides péribuccales mais meilleur sur les rides de la patte d’oie, Lasers fractionnés ablatifs erbium ou CO2 qui ont un effet tenseur en plus d’un effet d’atténuation sur les rides (4 à 8 jours d’éviction sociale).
Pour les photo-vieillissements importants seront proposés peelings au phénol (éviction sociale 3 à 4 semaines), lasers CO2 ultrapulsés sous anesthésie générale (résultats très satisfaisant mais au prix de suites difficiles). En cas de ptose marquée, la radiofréquence donne des résultats inconstants mais parfois excellents. Le lifting reste ici évidemment la méthode la plus spectaculaire.
Produits de comblements et toxine botulique sont utilisés pour estomper provisoirement les rides superficielles à plus profondes. Pour effacer télangiectasies et lentigos, différentes méthodes peuvent être utilisées : Laser Nd Yag Q switched, peeling TCA et pour les télangiectasies laser KTP, colorant pulsé, IPL.
Au niveau du cou, on peut recourir (avec prudence) aux peelings, Fraxel, IPL, comblement à l’acide hyaluronique et au niveau des mains au Fraxel et au Laser Q switched.
Dr Marie-Line Barbet
