
Un essai randomisé contrôlé a déjà montré qu’un programme d’exercices multitâches soutenu par une rythmique musicale spécifique (méthode Jacques Dalcroze) entraînait à 6 mois, chez le sujet âgé, une amélioration de la marche en simple et double tâche, de l’équilibre et la réduction du risque de chute. Des bénéfices cognitifs et sur l’anxiété ont aussi été mis en évidence. Dans cet essai, ont été inclus 134 personnes âgées d’au moins 65 ans et à haut risque de chutes. Pendant 6 mois, ils ont eu une séance par semaine d’exercices multitâches, effectués selon le rythme d’une improvisation au piano.
Cette étude a ensuite été poursuivie et c’est aujourd’hui les résultats à 4 ans qui sont présentés. Les performances de 23 personnes ayant continué le programme ont ainsi pu être comparées à celles de 29 sujets (groupe témoin) qui ont arrêté les séances à la fin de l’étude princeps. L’analyse originale et d’extension à 4 ans ont comporté les mêmes évaluations, en aveugle, de la marche et de l’équilibre, de la force isométrique de préhension ainsi que les mêmes tests fonctionnels.
L’évaluation à long terme a permis de constater, dans le groupe « intervention », une amélioration significative des performances de marche (vitesse de marche, p = 0,006) et d’équilibre (temps de maintien en équilibre unipodal, p = 0,015). De même, les performances au test « timed up and go » et du lever de chaise à 5 reprises, la force de préhension se sont améliorées (p < 0,05). Il y avait en outre une diminution significative du nombre de sujets chuteurs (risque relatif = 0,69 ; intervalle de confiance à 95 % de 0,5 à 0,9 ; p = 0,008).
Ces résultats plaident donc pour le recours à cette stratégie d’exercices afin de prévenir le déclin physique des sujets âgés et le risque de chutes. Ce d’autant que le même auteur rapporte les données d’une étude prospective menée à Boston, qui a montré, après 3 ans de suivi de sujets âgés en bonne santé, ou ayant des limitations fonctionnelles, une diminution de l’aire de section transverse du muscle (CSA) à la cuisse, de la puissance des muscles extenseurs de la jambe et une altération du test de marche sur 400 m. Surtout, la perte de masse musculaire et la baisse des performances physiques étaient des facteurs indépendants d’altération de la qualité de la vie (composante physique du SF-36).
Dr Patricia Thelliez