Sur les cheveux des femmes

L’alopécie frontale fibrosante (AFF), décrite il y a un peu moins d’une vingtaine d’années, survient pratiquement exclusivement chez la femme, le plus souvent ménopausée. Elle est considérée comme une alopécie cicatricielle, forme clinique de lichen plan. Cette pathologie reste rare (un peu plus d’une centaine de cas décrits) et finalement assez mal cernée.

Une équipe du Royaume Uni en rapporte une série de 12 cas qui fournit quelques éléments supplémentaires.

L’alopécie frontale fibrosante, surtout après la ménopause

Chez ces 12 patientes, le diagnostic d’AFF a été posé entre 2004 et 2011. Elles étaient âgées de 33 à 74 ans, toutes ménopausées (la plus jeune ayant une insuffisance ovarienne prématurée) sauf une.

Toutes étaient blanches (type « caucasien ») et la chute de cheveux évoluait depuis 1 à 12 ans (en moyenne 3 ans). On retrouvait dans tous les cas une bande alopécique avec recul de la ligne frontale de 1 à 8 cm. Une atteinte des sourcils était notée chez 9 patientes mais aussi au niveau des jambes et des aisselles chez respectivement 8 et 2 patientes. Un érythème, une desquamation périfolliculaire et un prurit pouvaient être présents

L’histologie, disponible pour 7 patientes, montrait un aspect de lichen plan mais sans inflammation dans 2 cas.

La maladie était stable pour la moitié des sujets mais progressait plus ou moins rapidement pour les autres.

Un traitement par application de propionate de clobétasol  a été proposé dans tous les cas pendant au moins 3 mois. Deux malades ont eu des injections de corticoïdes intralésionnelles, et l’hydroxychloroquine, les corticoïdes oraux, les rétinoïdes systémiques ont également été prescrits dans les cas évolutifs. Ce sont là les traitements classiquement envisagés mais certains autres ont pu également être tentés dans d’autres séries : ciclosporine, mycophénolate mofétil, finastéride, tacrolimus.

Du finastéride pour l’alopécie androgénétique féminine ?

Beaucoup plus fréquente, l’alopécie androgénique féminine continue de poser un défi thérapeutique au dermatologue. Le finastéride, efficace chez l’homme à la dose d’1 mg par jour, est sans effet chez la femme à cette même posologie, abstraction faite des effets secondaires potentiels. Récemment, cependant, il a été montré que 5 mg quotidiens de finastéride donnaient de bons résultats chez la femme ménopausée. Les auteurs de cette même étude ont cette fois proposé ce traitement à des femmes non ménopausées.

Leur essai a donc concerné 43 femmes non ménopausées ne présentant pas de signe clinique ou biologique d’hyperandrogénie et ne prenant pas de contraceptif oral (la contraception étant ici « mécanique »). L’évaluation a reposé sur le degré de satisfaction des patientes et sur des photographies à 6, 12 et 16 mois.

Vingt-cinq patientes se sont dites très satisfaites, 14 modérément satisfaites et 4 pas du tout. Sur les photographies : l’amélioration était très nette pour 19 participantes, modérée pour 17 et nulle pour 7.

Les auteurs considèrent donc que leur traitement peut être efficace mais demeurent préoccupés par le grand nombre de patientes se plaignant d’une baisse de la libido et par les effets secondaires à long terme que la brièveté de leur étude (16 mois) n’aurait pas permis de déceler. Est-ce à tenter ?

Dr Marie-Line Barbet

Références
Shipman AR et coll. : Case series of frontal fibrosing alopecia : demographics and progression of this new disease.

Oliveira-Soares ROS : Finasteride 5 mg/day treatment of patterned hair loss in premenopausal women.
21 th Congress of the European Academy of Dermatology and Venerology (Prague) : 27-30 septembre 2012.

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