
Samedi 27 juillet 2013 – En Suisse, Boris Vonlanthen , surfeur, sauveteur et physiothérapeute au service de rééducation neurologique et orthopédique de la Clinique La Lignière a développé en 2010 un projet pilote de rééducation inédit en utilisant des planches de surf tout d’abord en piscine puis cet été sur le lac Léman.
La « physio-surfboard-thérapie » ou « surfthérapie » se pratique généralement en bord de mer, Boris Vonlanthen a eu l’idée de la décliner loin du littoral pour prendre en charge la rééducation orthopédique, rhumatologique ou neurologique de certains patients. Pour cette kinésithérapie en milieu aquatique, Il utilise trois types de planches de surf aux propriétés spécifiques : un bodyboard de 80 cm, un funboard de 2m20 ainsi qu’une planche de SUP (Stand Up Paddle) de 3m50.
Trois tailles de planches
Dans un premier temps en piscine, il se sert de la bodyboard de 80 cm qui permet le travail des membres inférieurs en pédalages avant ou arrière selon les groupes musculaires ciblés. « Les battements (de jambes) genoux fixés en extension assurent un travail accentué au niveau des hanches et des muscles fixateurs du bassin, explique-t-il, l’emploi de palmes intensifie l’effort. Avec cette planche-là, la déstabilisation est maximale en position assise, ce qui stimule l’appareil proprioceptif et les réactions d’équilibration du tronc ».
Le funboard de 2m20 s'utilise en décubitus dorsal, mais aussi ventral ou assis. « Avec une participation active des membres supérieurs en alterné le décubitus ventral offre l’avantage d’une tonification intense des extenseurs du rachis, tout en maintenant la stabilité du tronc. Cette rééducation facilite les mouvements du membre supérieur atteint dans les cas d’hémiplégies ». Le patient en position debout peut aussi reposer ses membres supérieurs dessus, alors que le bas du corps est guidé manuellement par le thérapeute, lors d’une rééducation à la marche par exemple.
S'adapter au clapot
Enfin, c’est la planche de SUP (Stand Up Paddle) qui est utilisée sur le lac à cause de ses dimensions imposantes, ce qui autorise selon le spécialiste, une diversité de positions : à genoux, genoux en extension, en chevalier servant ainsi que debout. En statique ou en transfert d’une position à l’autre, de nombreuses combinaisons s’offrent aux besoins thérapeutiques. « Bien que s’apparentant à une planche à bascule classique, la planche de SUP offre les avantages du plaisir en plein air dans un élément agréable, motivant et valorisant pour l’image de soi, complète-t-il. La culture surf véhicule des valeurs de plaisir, de liberté et d’appartenance communautaire dont les patients peuvent ainsi bénéficier . Les thérapies d’été en milieu naturel pourraient stimuler la motivation des patients chroniques qui doivent recevoir des soins à l’année ».
Il n’y a pas un exercice type idéal, mais une multitude de possibilités, dépendantes de chaque situation et de chaque moment. « Par exemple, un jour de clapot sur le lac permettra de mettre en pratique fonctionnelle les acquis des séances précédentes plus calmes du point de vue du plan d’eau, et basées sur des éléments analytiques de rééducation. C’est donc au thérapeute de s’adapter à l’élément, ce qui est la seconde nature de tout surfeur ».
Au final, les bénéfices induits par une dynamique particulière à cette pratique ludique et stimulante profiteraient autant aux patients qu’au thérapeute… Boris Vonlanthen présentera son concept à l’occasion du congrès Mer & santé (http://www.health-sea.com) qui se tiendra à Biarritz le 5 octobre prochain.
Dominique Thibaud