
Quimper, le samedi 29 octobre 2022 – De nombreux travaux
signalent l’intérêt de la pratique d’une activité physique non
seulement pour limiter les risques de dépression mais aussi pour
améliorer les troubles de l’humeur. Dans certains centres de prise
en charge de pathologies psychiatriques, ces observations ont été
mises en pratique avec la proposition de différentes activités
sportives.
Certaines connaissent plus de succès que d’autres pour
différentes raisons. La marche pour sa simplicité peut être
plébiscitée, tandis que l’équitation compte-tenu de la dimension
affective avec le cheval est également régulièrement proposée. Mais
l’attention de certains psychiatres s’est plus certainement
concentrée sur le surf.
Aux Etats-Unis, en Australie ou en Afrique du Sud, ce sport a
été proposé à des patients (notamment des anciens combattants)
souffrant d’addictions ou de troubles anxieux. La concentration
nécessaire pour pouvoir tenir sur la planche et la satisfaction qui
en découle lorsqu’on se mesure aux vagues apportent en effet des
sensations qui peuvent être proches de celles recherchées dans la
consommation de certains produits psychoactifs. Par ailleurs, pour
ceux qui ne s’étaient jamais confrontés auparavant à ce sport, la
réussite contribue à un véritable renforcement de l’estime de
soi.
Pour que les substances psychoactives ne soient plus en vogue
C’est dans ce contexte que depuis 2021 le Dr Stéphane Billard,
psychiatre et chef de service à la clinique de l’Odet-Etablissement
public de santé mentale du Finistère Sud, a décidé de saisir la
chance de pouvoir soigner ses patients à proximité de l’océan
Atlantique. Les stages incluent moins d’une dizaine de patients
(parfois uniquement des femmes) et se déroulent pendant six jours.
Ils sont encadrés par deux infirmiers en addictologie, le Dr
Stéphane Billard et un professeur de surf.
L’équipe médicale bénéficie en effet du soutien de l’école
29Hood, dirigée par l’ancien champion de surf Thomas Joncour qui a
immédiatement répondu présent, le projet faisant écho à sa démarche
promouvant l’absence de consommation de substances psychoactives
d’une manière générale.
Sortir la tête de l’eau
Bien sûr, le docteur Stéphane Billard insiste sur le fait que
le surf n’est qu’une des composantes d’une prise en charge plus
globale. Cependant, il relève cité par Le Monde : « Chuter puis
se relever, le surf est à l’image même du parcours thérapeutique
d’une personne qui souffre d’addiction », tandis que dans le
Télégramme de Brest, il commentait à propos d’un stage récent ayant
concerné uniquement des patientes : « Elles fréquentent
l’hôpital de jour pour soigner des addictions à des produits type
alcool/stupéfiant ou des troubles alimentaires. Avec les
confinements successifs, le moral a été soumis à rude épreuve. Le
surf est un moyen de sortir la tête de l’eau. Sur la planche, on
chute puis on se relève, la métaphore est belle ».
A.H.