Survenue de maladies cardiovasculaires: la marijuana pointée du doigt

L'usage récréationnel ou médical de la marijuana peut augmenter le risque d'accidents vasculaires cérébraux, d'insuffisance cardiaque et de syndrome coronarien aigu. Pour les auteurs de ces 2 études, il est grand temps de se préoccuper de cette question d'autant que des sujets jeunes exempts de facteurs de risque sont concernés…

L'usage récréationnel ou médical de la marijuana est légal dans près de la moitié des Etats américains. En Europe la situation change selon les pays. Les précautions d'usage sont formulées quant au risque d'assuétude mais peu d'études ont abordé les conséquences cardiovasculaires de la prise de cannabis. Le sujet est important: selon l'ONU, le cannabis est la substance "illégale" la plus consommée à travers le monde. Soixante-deux millions d'Européens (plus de 20% de l'ensemble de la population adulte) ont déjà consommé du cannabis.

Insuffisance cardiaque et AVC

Dans cette étude (1), les patients sont âgés de 18 à 55 ans, utilisateurs réguliers de cannabis, sélectionnés dans une banque de données entre 2009 et 2010. L'âge moyen des patients se situe dans la trentaine, avec comme facteur de risque un diabète (7 %), une hypertension (19,9 %), un tabagisme (47,2 %), un alcoolisme (28,1 %) et parmi les événements cardiaques survenus, une insuffisance cardiaque (1,4 %), une coronaropathie (5 %) ou une fibrillation atriale (1,1 %). Dans cette population, l'incidence d'insuffisance cardiaque, d'accidents vasculaires cérébraux, de coronaropathie, de mort subite et d'hypertension est significativement plus élevée  chez les utilisateurs de cannabis. Après ajustement pour une série de variables (l'âge, le sexe, un diabète, une hypertension, une coronaropathie, le tabagisme et l'alcoolisme), l'usage de cannabis demeure un facteur prédictif indépendant à la fois d'insuffisance cardiaque (OR = 1,1, p < 0,01) et d'accidents vasculaires cérébraux (OR = 1,24, p < 0,001).

Syndrome coronaire aigu

L'étude (2) a inclus 14 490 patients admis entre 2012 et 2014, chez qui un test urinaire de recherche de drogue avait été réalisé. L'incidence d'un syndrome coronaire aigu (SCA) a été comparée chez les sujets contrôlés positifs à la marijuana versus un groupe contrôle négatif. Les sujets ont un âge moyen de 45 ans, dont deux tiers d'hommes, présentant une dyslipidémie (44 %), une obésité (34%) ou qui sont fumeurs (39 %). Globalement l'usage de la marijuana n'est pas associé à un risque d'ACS chez les sujets compris dans la tranche d'âge de 37 à 54 ans (OR = 1,11, p = 0,50). Par contre l'incidence du SCA augmente significativement dans la tranche d'âge de 18 à 36 ans (OR = 5,24, p = 0,002). Les utilisateurs de cannabis présentent pour près de la moitié un diabète (44 %), une hypertension (76 %), une coronaropathie (39 %). Pour les auteurs, ce sont les sujets les plus jeunes qui ont normalement les risques cardiovasculaires les plus faibles, qui vont avoir sous cannabis un risque augmenté de développer un SCA.

Un signal d'alarme

Les auteurs de ces 2 études soulignent qu'avec l'usage de plus en plus répandu du cannabis que ce soit à titre récréationnel ou médical dans le soulagement de la douleur, il est grand temps de se pencher sur les effets cardiovasculaires potentiels que peut avoir cette substance.

Docteur Claude Biéva

Références
1.Kalla A et coll.
2.Afshar M et coll.

American College of Cardiology's 66 th Annual Scientific Session & Expo (Washington) : 17-19 mars 2017.

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