Syndrome de l'œil sec, une approche globale testée

Le syndrome de l'œil sec a de multiples origines et il se manifeste de façon différente selon les patients. La plupart des traitements disponibles s'attaquent à un nombre relativement limité de ces manifestations. Ce qui fait tout l'intérêt potentiel d'une approche basée sur l'interférence par ARN. Pour faire simple : il s'agit de la production d'un acide ribonucléique qui va interférer avec un ARN messager spécifique entraînant sa dégradation et diminuant la production de la protéine qu'il est supposé fabriquer. Tout se passe alors comme si le gène, toujours bien présent était réduit au silence, et donc inactif. Le tivanisiran a été mis au point en utilisant cette technologie et permet de sélectivement inhiber la production de canaux ioniques qui sont des récepteurs impliqués dans la transmission des signaux de douleur oculaire, ce qui laisse entrevoir la possibilité d'avoir une action plus globale sur les signes et symptômes.

Deux essais de phase II multicentriques, randomisés, contrôlés versus placebo et menés en double-aveugle ont évalué l'aptitude à réduire les signes et les symptômes de la sécheresse oculaire et la sécurité d'emploi de 4 différentes doses de tivanisiran sur 126 patients présentant un syndrome de l'œil sec d'intensité légère à modérée.

Les principaux critères de jugement concernant l'efficacité étaient les différences par rapport au placebo de la douleur/gène oculaire évaluée par échelle visuelle analogique (EVA) et du score obtenu via les réponses aux 12 items du questionnaire Ocular Surface Disease Index (OSDI) après une période de traitement de 10 jours.
 
La sécurité d'emploi était évaluée via la coloration cornéenne après instillation de fluorescéine cornéenne et par l'hyperhémie conjonctivale.

Chez les sujets recevant le tivanisiran 1,125 %, il est rapporté une diminution significative du score EVA par rapport au placebo de J4 jusqu'à J10, fin du traitement (p = 0,013). Le score OSDI est significativement amélioré avec les 2 types de traitement (p = 0,01), mais sans différence significative entre les 2.
 
Le tivanisiran 1,125 % a amélioré significativement l'hyperhémie conjonctivale par rapport au placebo (p = 0,05) et la coloration cornéenne par la fluorescéine ainsi que le temps de rupture du film lacrymal ont été améliorés de 30 à 50 %, mais pour ces paramètres la différence avec le placebo n'est pas significative.

La tolérance était excellente et sans différence de survenue d'événements indésirables entre les deux groupes.

Globalement, ces études ont permis d'identifier 1,125 % comme la concentration la plus efficace pour améliorer globalement la situation des patients et réduire significativement deux manifestations très gênantes du syndrome de l'œil sec (la gène oculaire et l'hyperhémie). Ces résultats sont à l'origine de la mise en place d'HELIX, étude européenne de phase 3 chargée d'évaluer l'efficacité et la sécurité d'emploi du tivanisiran en traitement prolongé. 

Dr Jean-Claude Lemaire

Références
Bleau AM et coll. : Phase II Trials Results of Tivanisiran, a Short Interfering RNA for the Treatment of Dry Eye Disease. World Ophthalmology Congress (Barcelone) : du 16 au 19 juin 2018.

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