
Paris, le samedi 22 avril 2017 – Beaucoup d’appelés, peu d’élus. Longtemps, seule une minorité des patients (autour de 20 %) était considérée comme éligible à la réparation de leur anévrysme de l'aorte par endoprothèse.
Un savant assemblage
Pendant de nombreuses années, le professeur Fabien Koskas, chef de service de chirurgie vasculaire de la Pitié-Salpêtrière recevait les patients qui avaient été refusés par les autres équipes en raison de l’inadaptation des endoprothèses disponibles à leur cas. Pour offrir une réponse à ces malades, Fabien Koskas s’est improvisé bricoleur, construisant lui-même « des implants endovasculaires en assemblant des stents métalliques initialement trachéaux et des membranes de polyester tissées », comme l’explique un communiqué de l’entreprise qu’il a participé à créer, Endonov. Et l’assemblage fonctionne. Des centaines de patients, souffrant d’anévrysme de l’aorte, d’abord abdominal puis thoracique, sont traités avec succès grâce aux dispositifs sur mesure mis au point par le professeur Koskas et son équipe ! Ces prouesses valent au chirurgien de recevoir en 2000 le Prix Delannoy-Robbe de l’Académie de médecine, dont il deviendra membre correspondant treize ans plus tard.
Des résultats probants
Fabien Koskas et son équipe ne vont cependant pas s’en tenir à ces adaptations au cas par cas. Ils mettent au point des « endoprothèses sur mesure constituées d’un squelette métallique recouvert d’une enveloppe de polyester standard commercialisé en chirurgie vasculaire ouverte. Le squelette métallique est obtenu en assemblant des stents cylindriques en Z auto-expansibles en acier inoxydable. La longueur et la forme de l’endoprothèse sont soigneusement adaptées à la morphologie de l’anévrysme traité, afin d’assurer une stabilité longitudinale au système après implantation » détaille Endonov. Customi était née. Les résultats sont au rendez-vous, confirmés par plusieurs évaluations et essais cliniques. La survie et le confort des malades sont nettement améliorés, tandis que le coût apparaît également moindre.
Faire dans la dentelle
De telles prouesses n’ouvrent cependant pas nécessairement (tout au moins en France) facilement la voie de l’industrialisation et de la commercialisation. Il aura été nécessaire à Fabien Koskas et à son équipe de créer l’entreprise Endonov pour assurer cette phase complexe, qui voit les étapes se multiplier : le marquage CE a été obtenu en septembre 2016. Cette complexité n’a cependant pas freiné l’ardeur innovante des praticiens qui aujourd’hui travaillent au développement d’une première endoprothèse de la crosse aortique, baptisée Customi Arch. Ce dispositif est recouvert d’une enveloppe de polyester, enveloppe qui a la particularité d’être confectionnée par une « couturière d’Alençon pour assembler dans une salle blanche les composants de l’endoprothèse en faisant comme des nœuds de suture… à la façon des dentellières de jadis ». Un brevet a été déposé et un essai clinique devrait débuter en 2019. Une aventure et une entreprise qui confirment une nouvelle fois le savoir faire et le dynamisme des équipes françaises dans le domaine de la mise au point de dispositifs médicaux innovants et hautement technologiques.
Aurélie Haroche