
Malgré des débuts difficiles dans certains pays, notamment en
France, la télémédecine et la télé-expertise ont sans nul doute un
bel avenir devant elles. La dermatologie est probablement une
spécialité qui pourrait gagner à leur développement ne serait-ce
qu’en raison de l’amélioration constante des techniques de
communication (et de la qualité des images qui peuvent être captées
et transmises) et de la pénurie actuelle de dermatologistes dans un
grand nombre de pays en développement (et de la pénurie relative
qui attend des pays riches comme la France, tout au moins dans
certains territoires).
Aussi n’est-il pas étonnant que de nombreuses communications
et posters aient été consacrés à la télédermatologie.
On ne peut ici présenter de façon exhaustive tous les
avantages potentiels de cette pratique de la spécialité en termes
d’organisation des soins et d’accessibilité pour les patients,
avantages qui dépendent bien sûr du système de santé de chaque pays
et des modalités de prise en charge. On ne peut non plus aborder
ses risques éventuels. Nous avons choisi d’évoquer ici une
expérience italienne représentative d’un certain mode de
télédermatologie.
Une concordance diagnostique dans 84 % des cas
Giovanni Biondo et coll. du service de dermatologie de
l’hôpital Galliera de Gênes ont organisé dans leur ville un service
de télé-expertise dermatologique accessible aux généralistes de
l’agglomération. Après s’être inscrit sur un site sécurisé, les
omnipraticiens pouvaient adresser à un dermatologue télé-consultant
les photos des lésions prises avec leur smartphone leur posant un
problème diagnostique (tumeurs cutanées, psoriasis ou acné)
accompagnées de quelques données cliniques.
Dans les 3 jours, le dermatologue « télé-expert »
devait proposer au généraliste (et au patient) la date d’un
rendez-vous avec un spécialiste choisi en fonction du diagnostic
qu’il avait évoqué.
Les résultats préliminaires de cette étude portent sur 119
patients.
Une réponse a été donnée à toutes les interrogations en ligne
et un rendez-vous fixé en moyenne dans les 3,4 jours.
La concordance entre le diagnostic évoqué par télémédecine et
lors de la consultation en face à face qui a suivi a été bonne en
apparence (84 % contre 40 à 94 % dans la littérature). Mais il faut
relever que dans 18 cas, les résultats de la consultation classique
ont redressé le diagnostic initial (par exemple une lésion
considérée initialement au vu de la photo faite par un
smartphone comme une verrue séborrhéique se révélait être un nævus
ou un carcinome baso-cellulaire et vice versa). Même si la qualité
de photos envoyées a été jugée excellente dans 94,5 % des cas dans
ce travail, il est probable que l’amélioration technique de la
qualité des images transmises grâce, notamment, à une formation des
utilisateurs puisse contribuer à réduire ce pourcentage trop élevé
d’erreurs diagnostiques.
Dr Gilles Haroche