Thérapeutique 2000 en dermatologie : un « petit » bilan

Paris 8 décembre 2000. Journées dermatologiques de Paris. La dernière des journées dermatologiques de Paris est traditionnellement consacrée à un bilan de l'année en recherche, clinique et thérapeutique dermatologique. L'exercice en 2000 et en ce qui concerne la thérapeutique a été confié au Dr Jean-Claude Guillaume qui a abordé les traitements les plus récents ou disponibles dans un avenir proche

Le mélanome malin reste bien évidemment au centre de toutes les préoccupations. On peut signaler dans ce domaine, la mise à disposition du Témodal, proche du déticène mais pouvant être administré par voie orale. Si ces performances antitumorales ne sont pas meilleures que celles du déticène, son utilisation est naturellement associée à une meilleure qualité de vie. Un nouveau protocole de chimiothérapie (régime Darmouth) semblerait donner un taux de réponse élevé dans le mélanome malin métastatique sans toutefois se montrer supérieur au déticène quant à l'allongement de la survie globale. Nous ne reviendrons pas sur la triple polémique qui s'est créée sur l'interêt de l'interféron, capable d'allonger la survie sans récidive mais pas la survie globale et qui présente une toxicité non négligeable, sur la technique du ganglion sentinelle qui réclame des techniciens entraînés mais devrait permettre de distinguer les patients susceptibles de recevoir un traitement adjuvant et sur l'immunothérapie fort décriée par certains dont JC Guillaume et Jean Revuz, mais prometteuse pour d'autres.

Toujours au chapitre de la pathologie tumorale, mais cette fois concernant les épithéliomas basocellulaires, on peut noter que si la chirurgie reste le traitement le plus efficace (99% de rémissions complètes à 4 ans et 87% de bons résultats esthétiques) toujours supérieur à la cryochirurgie, les traitements locaux connaissent une grande vogue en ce domaine : le classique 5 FU mais aussi la trétinoïne, le tazarotène, les injections intra-lésionelles d'interféron alpha et plus récemment encore l'imiquimod, traitement des condylomes acuminés (sous le nom d'Aldara crème à 5%) agissant en permettant une libération d'INF alpha. Une étude parue dans le Journal of American Academy of dermatology fait état de réultats intéressants de l'application trois fois par semaine pendant 4 mois de l'imiquimod sur les basocellulaires au prix toutefois d'une mauvaise tolérance locale
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Le traitement topique est également à l'honneur en ce qui concerne la pemphigoïde bulleuse, où un essai bien conduit comparant chez 341 malades la corticothérapie locale à fortes doses (4 tubes de Dermoval par jour) et la corticothérapie générale (Cortancyl) ne fait apparaître aucune différence en termes d'efficacité entre les deux protocoles thérapeutiques, la tolérance étant certainement meilleure pour les corticoïdes locaux.

Dans le domaine de la dermatite atopique, on attend toujours la commercialisation en France (alors qu'elle est effective en Europe et aux Etats Unis) du tacrolimus qui devrait être disponible sous deux formes à 0,03% et 1% sous le nom de Protopic pommade. L'efficacité du tacrolimus est incontestablement supérieure non seulement au placebo mais aussi à un corticoïde faible chez l'enfant mais sa tolérance est mauvaise (sensations de brûlures dans 50% des cas) et sa photocancérogénicité mal déterminée à long terme ce qui devrait empêcher de l'utiliser plusieurs années ou même mois sur les zones découvertes chez l'enfant.

Les anti TNF alpha qui ont révolutionné ces deux dernières années le traitement de la polyarthrite rhumatoïde et de la maladie de Crohn ont été testés dans le psoriasis et le rhumatisme psoriasique...avec des résultats décevants. Aucun traitement unique efficace à long terme sans effet secondaire ne peut donc toujours pas être réservé au psoriasis où les associations thérapeutiques ( tazarotène + corticoïdes locaux, calcipotriol+UVB ou étrétinate...) continuent d'être érigées en dogme. Quant à la photothérapie, la PUVAthérapie reste supérieure aux UVB TL01 au niveau du taux de rémissions complètes.

Il reste à signaler l'effet spectaculaire de l'érythromycine par rapport à un placebo prescrits pendant 14 jours chez 90 patients atteints de Pityriasis Rosé de Gibert (J Am Acad Dermatol 2000), résultats qui remettraient en cause l'origine virale du PRG. Toujours prudent, JC Guillaume ne sait s'il faut qualifier l'efficacité de l'érythromycine de nouvelle révolutionnaire ou de supercherie...S'agissant d'une affection aussi peu préoccupante et d'un traitement habituellement aussi anodin, le débat mérite-t-il d'être instauré ?

WO

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