Le principe de la thérapie cellulaire dans le traitement de l’insuffisance sphinctérienne urétrale repose sur l’utilisation de cellules souches prélevées dans un muscle et réinjectées dans le sphincter dans le but de favoriser son développement et d’améliorer sa continence. Plusieurs essais cliniques sont en cours pour évaluer les différents types de cellules précurseurs, modes de prélèvement et de culture et sites d’injection possibles.
Voici les résultats d’un essai clinique de phase I réalisé en Ile-de-France chez 5 hommes et 5 femmes présentant une insuffisance sphinctérienne sévère. Les prélèvements de myofibres ont été effectués au niveau des adducteurs de cuisse et réimplantés sans phase de culture cellulaire dans la paroi urétrale.
Chez les femmes, la pression de clôture de l’urètre a augmenté, passant de 28,4 cm d’eau en préopératoire à 66,4 cm 3 mois après l’intervention. Parallèlement, les scores ICIQ (questionnaire spécifique de quantification et de retentissement sur les activités quotidiennes de l’incontinence urinaire) et Contilife (qualité de vie en situation d’effort) se sont améliorés, de même que le score au pad-test (évaluation quantitative de l'incontinence urinaire par pesée d'une couche avant et après une série d'exercices). Dans un cas, le port de protections n’était plus nécessaire et dans 2 cas les patientes gardaient une protection par sécurité.
Chez les hommes, qui avaient tous subi une prostatectomie radicale, la pression de clôture a également augmenté, de 26,4 cm à 59,6 cm et une néo-activité musculaire péri-urétrale est apparue à l’électromyogramme. En revanche aucune amélioration de la continence n’a été notée au pad-test ou aux scores ICIQ et UCLA.
Ces données confirment la possibilité d’activer un processus myogénique local en utilisant une technique cellulaire sans culture préalable. L’augmentation de la pression de clôture de l’urètre obtenue par ce procédé n’a permis d’améliorer la continence urinaire que chez les femmes dans cet essai préliminaire.
Dr Odile Biechler