Tiré de faits réels

Paris, le samedi 23 janvier 2016 – La fiction n’est jamais totalement pure. Elle est toujours contaminée par les histoires vécues ou fantasmées de ses auteurs. Parfois, c’est au-delà de la simple contamination. La réalité est le matériau de base de la fiction, son origine, presque sa raison d’être. Le jeu peut alors consister à démêler l’invention de la vérité. Plus profonde, l’expérience consiste souvent à découvrir ce que cette utilisation de la fiction nous transmet comme message sur notre réalité.

Ainsi, Danish Girl, film de Tom Hoper sorti dans les salles ce 20 janvier revient sur l’histoire vraie d’Einar Wegener, devenue Lili, première femme transexuelle ayant choisi de subir une intervention de réassignation sexuelle. Bien sûr, dans ce film de très belle facture, servi par d’étonnants acteurs et notamment Eddie Redmayne (nommé dans la catégorie "meilleur acteur" aux Oscar), l’auteur a pris quelques libertés avec l’histoire de ce peintre danois. Cependant, l’évocation de la dureté avec laquelle la société et la médecine traitaient dans les années 30 les personnes présentant une "distorsion" entre leur sexe physique et leur identité, ne souffre aucune exagération et fait même parfois écho à notre époque. Cet impossible dialogue avec la médecine accroît le désarroi de Lili, qui peu à peu, a pourtant réussi à trouver le soutien de son épouse, d’abord désemparée de la profondeur de ce qu’elle pensait à l’origine n’être qu’un jeu. Cependant, Lili reçoit finalement une véritable écoute et une prise en charge différente à travers la première intervention de réassignation sexuelle de l’histoire.

Big Bang

Lili recherchait la liberté d’être celle qu’il avait toujours pensé être. Les héros de Bang Gang prennent la liberté de faire ce qui n’était pas interdit de faire. Eva Husson s’est inspirée d’un fait divers révélé à la fin des années 90 aux Etats-Unis : une banlieue cossue et tranquille d’Atlanta avait été frappée par une épidémie de syphilis touchant les jeunes lycéens bien élevés de la cité. Une enquête mit à jour l’origine de cette flambée : les adolescents, délaissés souvent par leurs parents, organisaient des orgies endiablées. Transposée à notre époque par la réalisatrice française, l’histoire met en avant le rôle joué par les nouveaux modes de communication et les réseaux sociaux dans les échanges entre les adolescents. C’est grâce à eux que les jeunes gens du film Bang Gang vont pouvoir organiser leurs rendez-vous, leurs parties fines et dépasser rapidement leurs tabous et le poids des sentiments. Le film met également en évidence la confrontation avec une société qui se présente comme libérée mais est en réalité entravée par de nombreux interdits et inquiétudes.

Drôle de gang

Un événement fortement médiatisé est également la base d’un autre long métrage récemment sorti sur les écrans français : l’affaire de l’Arche de Zoé. Sans encore une fois se calquer au millimètre sur le déroulement des faits, le réalisateur belge Joachim Lafosse revient dans Les Chevaliers blancs sur toute les questions qui avaient ébranlé l’opinion au moment de la découverte de cette équipée rocambolesque à laquelle avaient notamment participé un médecin et une infirmière. La force du film, qui repose sur d’excellents acteurs, dont le très bon Vincent Lindon, chef de l’expédition, est qu’il se refuse à répondre frontalement et de manière manichéenne aux questions. Les personnages sont riches de contradiction : tout à la fois convaincus d’être les sauveurs de ces jeunes enfants qu’ils arrachent à leur village et parfois leurs familles mais également prompts à la corruption et à l’humiliation des populations locales.

Des êtres fragiles face à la recherche du vrai et du faux.

Cinéma :

Danish Girl, de Tom Hoper, sortie le 20 janvier 2016, 2h

Bang Gang, sortie le 13 janvier, d’Eva Husson, 1h38

Les Chevaliers blancs, de Joachim Lafosse, sortie le 20 janvier, 1h52

Aurélie Haroche

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