Traitements : des données utiles pour la pratique

Le pont se brise…

Un essai contrôlé du GETAID avait montré que chez les patients atteints de maladie de Crohn corticodépendante, la stratégie du « pont », consistant à associer un traitement court par infliximab (schéma d’induction seule par 3 injections aux semaines 0, 2 et 6) à l’aziathioprine, était plus efficace à 6 mois que l’aziathioprine seul. Cependant, le bénéfice à plus long terme de cette stratégie était incertain. Le suivi du devenir des malades inclus dans cet essai a donc été prolongé (1). Finalement, à 4 ans, la probabilité d’une intervention chirurgicale, de reprise de l’infliximab ou de retraitement par corticoïdes était de 85 % dans le groupe ayant reçu un traitement court par infliximab associé à l’aziathioprine, contre 88 % dans le groupe placebo + aziathioprine (p = 0,53). Cette stratégie d’induction de la rémission par un traitement court d’infliximab en attente de l’effet de l’aziathioprine s’avère donc inefficace à long terme chez la majorité des patients. Peut-être faut-il envisager d’évaluer un « pont » plus long ?

Le CHARM de l’adalimumab

L’étude CHARM avait montré l’efficacité de l’adalimumab (anticorps monoclonal anti-TNFa humain recombinant, injectable en sous-cutané) dans le maintien en rémission à long terme de la maladie de Crohn en traitement régulier contre placebo, chez les patients répondeurs. Une analyse secondaire de cet essai (2) a comparé l’efficacité à long terme d’un traitement régulier (toutes les semaines n = 154 ou toutes les 2 semaines n = 147) au traitement d’induction initial, suivi d’un retraitement par adalimumab après une rechute sous placebo (groupe IS/R : induction/retraitement, n = 183, considéré comme une stratégie de traitement « à la demande »). À 1 an, il y avait 50 % de rémission dans le groupe recevant un traitement régulier contre 38 % dans le groupe traité à la demande (p < 0,05), avec également une réduction significative du nombre d’hospitalisations (figure). En conclusion, comme pour l’infliximab, le traitement régulier par l’adalimumab est significativement supérieur au traitement à la demande.

 

Adalimumab : efficacité supérieure du traitement régulier en injections toutes les semaines ou toutes les 2 semaines par rapport au traitement d’induction seule puis retraitement à la demande (IS/R).



Et pour les fistules ?

Jusqu’à présent, seul l’infliximab dispose de l’AMM pour le traitement des lésions ano-périnéales de la maladie de Crohn. L’essai CHARM avait montré l’efficacité de l’adalimumab contre placebo dans le contrôle à un an des formes fistulisantes. Une étude ouverte d’extension de l’essai CHARM a permis de préciser à plus long terme l’efficacité de ce traitement. Soixante-dix patients avec fistules, inclus dans l’essai CHARM, ont donc été suivis un an de plus dans l’étude ouverte, pendant laquelle ils étaient traités par adalimumab en traitement régulier (3). À la fin du suivi, soit 24 mois après le début de l’étude, 60 % des patients avaient une fermeture complète de tous les orifices fistuleux et 71 % des patients avaient une réponse (fermeture Ž 50 % des orifices fistuleux). Ceci confirme le maintien de l’efficacité de l’adalimumab, en traitement régulier, dans le contrôle à long terme des lésions ano-périnéales.

Dr X.Treton

Références
1. L.Costes et coll. : Suivi à long terme d’une cohorte de patients inclus dans un essai randomisé évaluant l’infl iximab (IFX) associé à l’azathioprine (AZA) dans la maladie de
Crohn (MC) corticodépendante.
2.JF.Colombel et coll. : Le traitement de maintenance systématique par adalimumab est supérieur au traitement d’induction seul/réinitiation (à la demande) : sous-analyse de l’étude CHARM
3. JF.Colombel et coll. : Adalimumab et maladie de Crohn fi stulisante : résultats au long cours.
Journées Francophones de Pathologie Digestive (Paris) : 8-12 mars 2008.

Copyright © Len medical, Gastro enterologie Pratique, avril 2008

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