Transmission de l'infection à VIH : U égal U

L'équation Undetectable = Untransmittable se vérifie aujourd'hui avec les résultats de l'étude PARTNER 2 dont les premières données avaient été présentées lors d'une récente conférence de la CROI. Parmi les nouvelles infections, aucune n'est due au virus du partenaire dans les couples séro-discordants…

La mesure du risque de transmission virale par des rapports sexuels sans préservatif dans un couple séro-discordant dont le séropositif est traité, donne la meilleure preuve de l'efficacité du traitement antirétroviral.

L'étude PARTNER a été conçue dans ce contexte pour vérifier si un homme ou une femme avec une charge virale indétectable peut encore ou non transmettre le virus à son partenaire. Dans sa phase initiale entre 2010 et 2013, l'étude (1) a permis de suivre 1.238 couples/année (14 pays européens, 75 centres) avec une estimation de près de 40.000 rapports sexuels intra-couple.

Tous les couples inscrits étaient soit hétérosexuels soit homosexuels avec un partenaire séronégatif et un partenaire séropositif sous ART et n'utilisant pas régulièrement de préservatifs. La charge virale du partenaire infecté devait être < 200 copies / mL. Un large spectre de pratiques sexuelles ont été rapportées, relations vaginales réceptives et pénétrantes, anales réceptives et pénétrantes. Malgré le grand nombre d'actes sexuels sans préservatifs, aucune transmission du VIH ne s'est produite parmi les couples inclus dans l'étude. Sur les 11 infections constatées, aucune n'était due au virus du partenaire.

PARTNER-2 confirme

Aujourd'hui ce sont 1.596 couples qui ont été analysés (2) mais le recrutement a été étendu à des HSH pour comparer avec les résultats de PARTNER-1 incluant des hétérosexuels. Les sujets inclus ne devaient pas utiliser la prophylaxie pré-exposition, avoir des rapports sexuels non protégés et une charge virale VIH-ARN < 200 copies/mL. Les caractéristiques démographiques montrent pour le partenaire séropositif, un âge moyen de 40 ans, un traitement d'une durée moyenne de 4 ans et une charge virale indétectable dans 93% des cas. Au total, 15 infections ont été constatées chez les partenaires initialement séronégatifs mais 11 ont rapporté des rapports sexuels non protégés.

Après séquençage, il est apparu qu'aucune infection n'était due au virus du partenaire. Quelle que soit la forme du rapport sexuel, aucune transmission intra-couple n'a été rapportée. Chez les sujets VIH -, on note 23% d'infection sexuellement transmissibles (37% de rapports sexuels non protégés hors du couple) contre 27% chez les sujets VIH+.

CQFD mais ….

La conclusion est que les résultats de l'étude PARTNER 2 se corrèlent avec ceux de PARTNER 1 sans transmission virale dans les couples HSH séro-discordants avec un partenaire séropositif qui a une charge virale indétectable. L'équation Undetectable = Untransmittable continue de se vérifier, cqfd.

Mais les auteurs précisent que, compte-tenu des limites de confiance de l'étude, le risque de transmission cumulé sur plusieurs années ne peut être totalement exclu, en particulier pour le sexe anal. même dans le cas où la charge virale du partenaire séropositif est non détectable. La prudence s'impose dans l'information communiquée aux patients. L'absence de transmission repose notamment sur une adhérence sans faille….

Dr Claude Biéva

Références
1.Rodger et al. JAMA 2016
2.Rodger A et al.

22nd international AIDS Conference (Amsterdam) : 23-27 juillet 2018.

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