Transplantation rénale : impact de l’évolution des lois de bioéthique

La pénurie de reins à greffer perdure malgré les importants progrès réalisés pour augmenter le nombre de donneurs. Ainsi, en 2014, en France, 3 241 transplantations de rein ont eu lieu pour 15 470 personnes en liste d’attente. 82 % des transplantations ont été réalisées à partir d’un donneur en mort encéphalique, 2 % à partir d’un donneur décédé d’un arrêt cardiaque et 16 % à partir d’un donneur vivant (+ 28 % sur l’année précédente). Depuis la révision des lois de bioéthique, le don de parents éloignés, d’amis et de conjoints est rendu possible et le don croisé anonyme de donneurs vivants, qui permet de lever les incompatibilités immunologiques, est également devenu possible. Pour rappel, le  don croisé repose sur le principe d’anonymat. Chaque donneur des deux paires accepte de donner un rein à un receveur anonyme pour permettre à son proche d’accéder à une greffe. Chaque receveur accepte également de recevoir un rein d’un donneur anonyme. Cette avancée législative a permis à la France de combler une petite partie de son énorme retard sur les pays anglo-saxons. Le don entre vivants représente 15 à 20 % des greffes rénales (50 % dans les pays de référence.) L’élargissement des indications de prélèvement est également destiné à pallier à la pénurie de greffons. « On se tourne désormais vers des greffons à critères élargis que nous n’aurions pas considérés autrefois pour une transplantation » a expliqué le Pr François Kleinclauss (Besançon).

Dans une étude rétrospective (1), réalisée à Nantes, 79 patients ont ainsi reçu un rein de patients en état de mort encéphalique ayant un débit de filtration  inférieur à 45 ml/min/m2. La survie des transplants après 12 mois de suivi était de 81 %, bien que 48 % des donneurs étaient en anurie. Pour les auteurs, ces résultats justifient l’utilisation de transplants avec une altération sévère de la clairance rénale.

Dans une autre étude (2), parisienne cette fois, les greffons provenaient de donneurs de la catégorie III de Maastricht (décédés dans le cadre d’une limitation ou d’un arrêt des thérapeutiques). Le premier transplant de ce type a eu lieu en décembre 2014. A court terme, les résultats sur la fonction rénale sont satisfaisants. Après un an d’expérience, et sept transplantations de ce type réalisées, les auteurs considèrent que cette procédure est sure et réalisable par des équipes entraînées.

Dr Emmanuel Cuzin

Références
(1)Fosse A et coll.: Faut-il utiliser les reins des donneurs cadavériques en état de mort encéphalique ayant une fonction rénale altérée ? Résultats à un an.
(2)Drouin S et coll.: Transplantation rénale issue de donneurs décédés d’arrêt cardiaque de la catégorie III de Masstricht. Résultats après un an d’expérience.
110ème Congrès français d’urologie (Paris) : 16-19 novembre 2016

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