
L’obésité fait partie des comorbidités qui influent le
pronostic vital et fonctionnel et de nombreuses interventions
chirurgicales se compliquent au gré des kilos en trop. Qu’en est-il
en cas de transplantation rénale et de quelle nature sont ces
complications ? Ces questions n’ont reçu que peu de réponses, ce
qui fait tout l’intérêt d’une étude de cohorte, dans laquelle ont
été inclus 1 467 patients qui ont tous bénéficié d’une
transplantation rénale entre 2010 et 2015. La durée moyenne du
suivi post-opératoire a été estimée à 5,1 ± 2,2 années.
L’obésité intervient indirectement dans le pronostic fonctionnel du greffon
L’obésité (IMC > 30 kg/m2) a
été significativement associée aux évènements suivantes : fréquence
plus élevée des réadmissions et des réexplorations opératoires dans
les 30 jours après l’intervention (respectivement p<0,0001 et
p=0,02), retard dans la récupération fonctionnelle du greffon
(p=0,008), durée plus longue de l’hospitalisation (p=0,03),
augmentation plus marquée des concentrations plasmatiques de
créatinine 12 mois après l’intervention (p=0,04), et une fréquence
plus élevée des évènements cardiovasculaires et de l’insuffisance
cardiaque congestive (p<0,0001 dans les 2 cas).
Une analyse multivariée a révélé que les chances de survie du
greffon censurée pour le décès étaient associées aux facteurs
étiologiques suivants : obésité morbide (IMC > 40
kg/m2, HR=5,84, p=0,015), âge > 50
ans au moment de la transplantation (HR=0,45, p=0,0004),
durée de l’hospitalisation après l’hospitalisation > 4
jours (HR=1,94, p=0,008), réadmission post-tranplantation à
30 jours (HR= 2,25, p=0,01), taux plasmatique de
créatinine > 15 mg/l, 12 mois après l’intervention (HR= 1,95
, p=0,007) et un rapport protéinurie/créatinine urinaire > 1
mg/mg (HR=1,85, p=0,03). Aucune relation directe n’a été
cependant établie entre l’échec de la greffe et le surpoids ou
l’obésité, même si toutes les variables précédemment listées ont
été associées à ces derniers.
Dr Philippe Tellier