Les hypoglycémies sévères sont connues pour être à l'origine d'une encéphalopathie réversible. Mais l'exposition récurrente à une hypoglycémie sévère risque-t-elle d'entraîner des troubles cognitifs persistants ? Voici 2 cas cliniques à verser au débat.
Un homme de 42 ans, diabétique de type 1, a été trouvé chez lui inconscient. Sa glycémie était à 0,32 g/l. Au cours des 3 années précédentes, 2 épisodes d'hypoglycémie avec troubles mentaux s'étaient déjà produits, mais la correction de l'hypoglycémie avait entraîné un retour rapide à l'état antérieur. Lors de cette nouvelle hospitalisation, le patient ne s'est pas réveillé après normalisation de la glycémie. Aucune autre étiologie n'a été mise en évidence malgré un bilan complet incluant scanner, IRM, ponction lombaire et EEG. Après 7 jours de coma, le patient a ouvert les yeux et spontanément mobilisé ses membres, mais il est demeuré incapable d'obéir à un ordre ou de parler. Deux mois après sa sortie, il était toujours peu réactif.
Le deuxième sujet, un homme de 54 ans diabétique de type 1, a été amené inconscient aux urgences, avec une glycémie à 0,25 g/l. Au cours d'un épisode antérieur d'hypoglycémie 2 ans auparavant, il avait présenté un état de confusion transitoire. Après 3 jours d'hospitalisation pour ce deuxième épisode, il était conscient et autonome, mais demeurait muet. L'IRM cérébral était normale mais l'EEG montrait un tracé globalement ralenti. Un avis spécialisé a permis d'éliminer un problème psychiatrique. Il a commencé à répondre verbalement aux questions 6 semaines plus tard mais n'a jamais récupéré son aisance antérieure.
Ces 2 présentations dramatiques de dysfonctionnement cognitif persistant après une hypoglycémie récurrente sévère montrent que l'encéphalopathie hypoglycémique n'est pas toujours un phénomène transitoire et aisément réversible: elle peut au contraire être parfois marquée par des déficits neurologiques persistants.
Dr Odile Biechler
