Un effet week-end en chirurgie pédiatrique d’urgence

Il est bien établi que la mortalité et la morbidité des adultes hospitalisés sont plus importantes le week-end. Une étude américaine rétrospective suggère que la mortalité intra-hospitalière et la morbidité per-opératoire sont aussi légèrement mais significativement augmentées en chirurgie pédiatrique quand les interventions sont réalisées en urgence le week-end plutôt qu’en semaine.

Une recherche dans deux bases de données sur les hospitalisations aux Etats-Unis durant la période 1988-2009, a permis d’identifier près de 440 000 patients âgés de moins de 18 ans qui avaient subi le jour même de leur admission une intervention chirurgicale non programmée parmi les 5 suivantes : le drainage d’un abcès, une appendicectomie, la cure d’une hernie inguinale, la réduction sanglante d’une fracture et la pose/la révision d’une dérivation ventriculaire. Environ trois quarts des patients avaient été opérés un jour de la semaine et un quart le samedi ou le dimanche, dans des hôpitaux universitaires, généraux ou en milieu rural.

Chez les enfants opérés le week-end, la mortalité intra-hospitalière était un peu plus élevée et les ponctions et/ou les plaies per-opératoires un peu plus fréquentes qu’en semaine (respectivement, 1,4 ‰ vs 1,1 ‰, p = 0,10 pour la mortalité ; 0,21 % vs 0,18 %, p = 0,02 pour les lésions per-opératoires). La proportion d’enfants transfusés en postopératoire était aussi plus importante (0,71 % vs 0,60 %, p <0,01). En revanche, il y avait moins d’éviscérations et de problèmes de cicatrisation et ni plus ni moins d’hémorragies et d’infections de paroi.

Les excès de décès et de lésions per-opératoires le week-end peuvent s’expliquer par un état plus grave des patients opérés ou une moindre qualité des soins prodigués. Un ajustement des résultats par le type d’intervention, le site hospitalier et des caractéristiques des patients rend la première hypothèse moins probable.

Par rapport aux jours de semaine, les enfants opérés en urgence le week-end couraient toujours, après ajustement, plus de risques de décès (Odds Ratio ajusté [ORa] : 1,63 ; Intervalle de Confiance à 95 % [IC 95 %] : 1,21-2,20), de ponctions/plaies per-opératoires (ORa : 1,40 ; IC 95 % : 1,14-1,74), ainsi que de transfusions (ORa : 1,14 ; IC95 % : 1,01-1,26), malgré un taux d’hémorragies similaire.

Ces résultats incitent à se pencher sur le fonctionnement des hôpitaux le week-end pour réduire les sur-risques de la chirurgie pédiatrique d’urgence à ce moment-là. Un premier point pourrait être de reconnaître l’étape du parcours des patients où il existe des failles dans la qualité des soins : services d’urgence, blocs opératoires –comme suggéré par les lésions per-opératoires- et/ou unités de soins intensifs, plus souvent utilisées pour les soins postopératoires durant le week-end.

Dr Jean-Marc Retbi

Référence
Goldstein SD et coll. The « weekend effect » in pediatric surgery – increased mortality for children undergoing urgent surgery during the weekend. J Pediatr Surg 2014; 49: 1087-1091

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Vos réactions (1)

  • Le rôle des internes

    Le 21 octobre 2014

    Pour avoir longtemps fréquenté les services de soins pédiatriques, je me permet cette remarque : les week-end ce sont souvent les internes qui sont de garde, sans vouloir entacher la qualité de nos futurs médecins, il faut reconnaître qu'ils sont parfois beaucoup moins expérimentés.

    Catherine Blanchard

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