Un risque suicidaire très élevé chez les dysmorphophobiques

APA – Toronto. Trouble grave et invalidant, la dysmorphophobie est définie par le DSM-IV comme la peur d’une dysmorphie corporelle ; la préoccupation, qui concerne un défaut imaginaire ou minime de l’apparence physique, est démesurée et entraîne une souffrance significative avec une limitation importante de la vie sociale, des occupations et d’autres grands domaines du fonctionnement.

Différentes études rétrospectives montrent que les individus dysmorphophobiques présentent des taux élevés d'idées et de tentatives de suicide. Cependant aucun travail prospectif n’a été réalisé au sein de cette population particulière. Dans une première étude observationnelle prospective, les auteurs ont étudié la suicidalité chez 183 sujets dont le diagnostic de dysmorphophobie était bien établi : la durée de suivi allait jusqu'à 3 ans, avec une moyenne de 2,1 ans.

10 fois plus de TS et 20 fois plus d’idées suicidaires que dans la population générale

Chaque année, entre 50 et 60  %  des participants ont signalé des idées suicidaires, soit une moyenne pondérée annualisée de 56,7 %. Les tentatives de suicide atteignaient une moyenne de 2,8 % par an et deux sujets se sont suicidés au cours du suivi (0,6 % par an ; intervalle de confiance à 95 % (IC 95 entre -0,2  et 1,3 %). Ces chiffres sont très élevés puisque le taux annuel d'idées suicidaires est ici 10 à 25 fois supérieur à celui de la population générale américaine et celui des tentatives d’autolyse 4 à 13 fois plus élevé. Le nombre de suicides constaté ne représente qu’un résultat préliminaire mais suggère un chiffre réel extrêmement élevé.

Ces résultats sont en accord avec les données selon lesquelles les sujets dysmorphophobiques présentent de nombreux facteurs de risque suicidaires. Le défaut de diagnostic de la dysmorphophobie, parfois prise à tort pour un état dépressif, peut avoir des conséquences thérapeutiques dans la mesure où la réponse aux  antidépresseurs est beaucoup plus longue que chez le dépressif. Des études complémentaires devraient permettre d’étudier la suicidalité des sujets dysmorphophobiques sur une plus longue période de suivi et dans d'autres échantillons de population.

Dr Odile Biechler

Référence
Phillips KA et coll. : "Suicidality in body dysmorphic disorder: a prospective study." American Psychiatric Association (Toronto) : 20-25 mai 2006.

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