Un TOC en plus

L’épilepsie est volontiers associée à des co-morbidités psychiatriques qui peuvent retentir sur sa prise en charge thérapeutique, notamment en termes d’observance du traitement. L’épilepsie temporale se distingue-t-elle des autres formes d’épilepsie par la fréquence de ces troubles psychiatriques concomitants ? C’est à cette question que répond une étude transversale, de type cas-témoins, dans laquelle ont été inclus 56 malades atteints d’une épilepsie temporale (n=29) ou généralisée de type idiopathique (n=27). Un troisième groupe a été constitué par 30 volontaires sains, appariés selon l’âge, le sexe, le statut conjugal et le niveau d’éducation.

Dans tous les cas, la forme temporale de la maladie était en rapport avec une sclérose mésiale unilatérale mise en évidence par l’IRM fonctionnelle et la vidéo-EEG. Des interviews structurées ont permis de cerner le profil psychopathologique de chaque participant, notamment l’existence d’un trouble obsessionnel compulsif (TOC) ou d’un syndrome dépressif.

La comparaison intergroupe a démontré que les co-morbidités psychiatriques étaient plus fréquentes chez les malades atteints d’une épilepsie temporale, soit 75,9 % versus 48,1 % en cas d’épilepsie idiopathique généralisée et 16,7 % dans le groupe des témoins (p=0,032).

Des symptômes évocateurs d’un TOC ont été identifiés chez 10 malades atteints d’une épilepsie temporale. Dans 3 cas, le tableau était celui d’un TOC authentique, alors que dans les 7 autres cas, le syndrome clinique était incomplet. Chez 9 patients, il existait en outre des troubles dépressifs.

En cas d’épilepsie généralisée, seuls 5 malades présentaient les symptômes d’un TOC. Dans un seul cas, le tableau était complet, tandis que, dans les 4 autres cas, il s’agissait d’un syndrome incomplet (p<0,05 versus les cas d’épilepsie temporale).

Cette étude de type cas-témoins souligne la prévalence élevée des co-morbidités psychiatriques au cours de l’épilepsie temporale. Le TOC et les troubles dépressifs semblent plus particulièrement fréquents dans cette forme d’épilepsie que dans l’épilepsie frontale. Il est permis de penser que l’implication du lobe temporal pourrait favoriser l’émergence de syndromes psychopathologiques spécifiques au cours de l’épilepsie temporale.

Dr Giovanni Alzato

Référence
Aslantas Ertekin B et coll. : Comparative study of obsessive-compulsive disorder and other psychiatric comorbidities in patients with temporal lobe epilepsy and idiopathic generalized epilepsy. 27th International Epilepsy Congress (Singapour) : 8-12 juillet 2007.

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Vos réactions (1)

  • "Un TOC en plus"

    Le 12 septembre 2007

    Henri Gastaut insistait déjà, il y a cinquante ans, sur un rapport de causalité entre l'épilepsie temporale et certains troubles mentaux ; il donnait Van Gogh comme exemple, et à cause de cela a conduit sa réunion de 1955 à l'HP de Saint Rémy de Provence. La psychiatrie classique française considère le "dreamy state" et les hallucinations de l'epilepsie temporale comme les "moments féconds" du délire.
    Je pense qu'une analyse minutieuse de peu de malades est plus utile que de vastes statistiques dans lesquelles on mélange forcément les torchons et les serviettes.

    Jean-François Foncin
    j.f.foncin@wanadoo.fr

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