
Paris, le samedi 10 janvier 2015 – Ce n’est pas la désarmante actualité de ces derniers jours qui pourrait faire mentir le titre de notre article. Mais s'il y a des jours où l’on doute que l’art, les écrits, les dessins puissent délester le monde de son caractère « impitoyable », on peut cependant encore trouver, au hasard d’un roman sans conséquence, d’un film étrange, d’un spectacle audacieux quelques raisons d’espérer. Inexorablement et sans pitié. Ainsi, plutôt que d’y voir un résumé de notre monde, voyons dans cette formule une évocation ironique des batailles picrocholines que se livrent les stars, leurs maux sans importance, leurs douleurs sans lendemain. C’est ce que nous raconte Philippe Siou, médecin qui a pris en charge à l’hôpital Américain de nombreuses vedettes et qui évoque leur parcours, masqué par la plume dans un roman enlevé et non sans humour, intitulé « Propofol ».
Au faîte des yeux
Plutôt que de laisser cette formule empruntée à un feuilleton aujourd'hui oublié devenir la maxime de notre époque tourmentée, offrons-lui d’être le raccourci pour décrire l’entreprise. Car c’est bien un « univers impitoyable » que raconte Alain Bron dans « Vingt-sixième étage », roman qui vient d’obtenir le prix « Handi-livres » décerné en collaboration par la Bibliothèque nationale de France. Parmi les personnages de cette fresque de la vie en entreprise, qui en dénonce l’insupportable cynisme, figure en effet un aveugle, dont le handicap ne l’empêchera pas de s’élever face aux désordres de son entreprise.
Faites vos jeux
Plutôt que de penser notre temps sous le poids de cette maxime menaçante, laissons-nous croire qu’il ne s’agit que d’une fable, pour mettre à jour la corruption qui peut régner dans les anciens pays du bloc soviétique. Le premier film du réalisateur lituanien Ignas Jonynas, « The Gambler » nous raconte en effet le système impitoyable qu’échafaude le séduisant Vincentas, médecin urgentiste à l’hôpital de Vilnius. Interprété par Vytautas Kaniusonis, ce praticien aurait tout pour plaire s’il n’était taraudé par la passion dévorante du jeu. Un fléau qui le pousse jusqu’à façonner un jeu macabre : parier sur la vie et la mort des patients qui franchissent les portes de son hôpital. Impitoyable avec la corruption qui gangrène le pays, le film ne l’est pas totalement avec son héros, qui verra peut-être l’amour le sauver de ses démons.
Fête numéro deux
Plutôt que de pleurer en répétant ces trois mots comme les seuls capables de dessiner l’univers, applaudissons ceux et celles qui refusent de se laisser accabler. Les acteurs du spectacle « Une seconde chance » qui sera présenté le samedi 17 janvier à Courbevoie sont de ceux là. Ces comédiens handicapés appartenant à l’association « Regard de Soie » portent ce spectacle qui est le récit du combat de Lisette. Cette dernière qui a toujours cru que « le monde ne marche pas, mais qu’il boîte », décide un jour de se relever et d’améliorer tous les fils de cette existence sans pitié.
Roman :
« Propofol » de Philippe Siou, éditions Léo Scheer,
228 pages, 18 euros
« Vingt-sixième étage », d’Alain Bron, In Octavo, 336
pages, 21 euros
Cinéma :
« The Gambler », d’Ignas Jonymas, sortie le 31 décembre
2014, 1h49
Spectacle :
« Une seconde chance », spectacle de Narcisse Dagbeto,
Centre Evénementiel de Courbevoie
Aurélie Haroche