Une aventure kafkaïenne

Reims, le samedi 19 février 2022 – A la suite d’une erreur de date, un étudiant en médecine ne peut pas s’inscrire aux ECN.

Six ans d’étude pour rien. Alors qu’il pourrait exercer la médecine en tant qu’interne dans les hôpitaux de la région, Jonathan Vesselle ronge son frein dans la maison familiale de Verzy, près de Reims. Et ne sait toujours pas s’il pourra un jour accomplir son rêve de devenir médecin. Après deux échecs en première année de médecine en France, le jeune homme avait fait le choix de s’exiler en République Tchèque* pour y poursuivre ses études, déterminé à embrasser la carrière médicale. Le 9 juin dernier, il avait finalement obtenu son diplôme, reconnu en France, validant ses six années d’études tchèques.

Mais pour devenir interne puis médecin en France, il lui fallait encore passer les épreuves classantes nationales (ECN). L’édition 2021 débutant le 14 juin, soit juste après ses examens tchèques, il avait préféré se laisser un an et passer l’examen en 2022. Funeste erreur. Au moment de vouloir s’inscrire pour la prochaine session des ECN, le centre national de gestion (CNG), qui gère cet examen, lui apprend que l’article R. 632-5 du Code de l’éducation impose que l’étudiant s’inscrive aux ECN l’année où il effectue sa sixième année de médecine et pas après. Refusant toute dérogation au nom de « l’égalité entre les candidats », le CGN refuse donc à Jonathan Vessel le droit de s’inscrire.

Si même Julien Courbet n’y peut rien

Depuis, le jeune homme a tout essayé pour obtenir une dérogation et le droit de passer l’examen en 2022, en vain pour le moment. Il a fait appel au médiateur de l’Education, au ministère de l’Enseignement supérieur (qui l’a renvoyé au CNG), a écrit à son député Eric Girardin (qui a abordé le sujet dans une question écrite au gouvernement le 31 août dernier) et a même contacté Julien Courbet, l’animateur spécialiste des problèmes juridico-administratifs. Pour débloquer la situation, Jonathan Vesselle a même proposé d’annuler son diplôme tchèque et de le repasser en même temps que les ECN, mais cette solution a été refusée. En l’état, sa seule solution est donc de partir à l’étranger ou de reprendre ses études de médecine en France au début de l’externat.

L’étudiant en médecine et sa famille espère désormais qu’un responsable politique s’empare de la question et puisse faire avancer son dossier. Mais pour le moment, son seul espoir réside dans la justice. Jonathan Vesselle a saisi le tribunal administratif et une audience a eu lieu le 22 novembre dernier. Comble de l’absurdité administrative : cet article R. 632-5 qui empêche le jeune homme de devenir interne a été aboli par un décret du 7 septembre dernier. Peut être le juge administratif acceptera de faire une application rétroactive de ce décret et ainsi permettre à Jonathan Vesselle d’accomplir son rêve.

*Patrie de Frantz Kafka

Quentin Haroche

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Vos réactions (1)

  • Kafka est bien vivant !

    Le 19 février 2022

    L'histoire serait risible si elle ne nous faisait pas enrager.
    Toute ma sympathie au Dr Vesselle.
    Il peut faire une pétition que tous les lecteurs du Jim signeront.

    Dr F Chassaing

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