UNE CONFUSION PREOCCUPANTE

Monique, 51 ans, est hospitalisée dans un service de médecine interne de l'hôpital général, à la demande de son médecin traitant. Celui-ci a été appelé au domicile de Monique par la fille de la patiente, qui venait de découvrir sa mère, au réveil, encore alitée à une heure inhabituelle, dans un état qualifié de «confusionnel», et il a décidé, en accord avec l'entourage, de l'adresser à l'hôpital.

Lors de son admission en médecine interne, Monique est décrite comme «somnolente», répondant aux ordres simples, mais présentant des troubles mnésiques : elle est incapable d'indiquer son adresse ou le prénom de ses proches. Elle évoque toutefois vaguement le décès récent de son père. Enfin, ses propos apparaissent «incohérents», sans plus de précisions.

Il s'agit d'une femme mariée, mère de trois enfants, habituellement très dynamique. Son entourage la décrit même comme le «pilier de la famille». Sur le plan professionnel, elle est propriétaire d'un commerce, et connaît depuis quelques temps des difficultés financières.

Abandonnée à la naissance par ses parents, elle a été élevée par la sœur de sa mère et son mari. Sa mère adoptive est décédée, et l'entourage nous signale que Monique avait alors présenté une dépression réactionnelle, dont le symptôme majeur semble avoir été une anorexie tenace.

Le père adoptif est décédé depuis deux mois, et nous apprenons que la patiente n'a pas accepté la réalité de cet événement, allant jusqu'à nier que son père soit réellement mort. On notera, enfin, qu'au cours d'un accès d'hyperthermie survenu dix jours avant l'hospitalisation, à l'occasion d'un syndrome grippal, Monique a tenu des propos franchement délirants de négation de ce décès.

Un bilan est réalisé : les dosages biologiques sont tous normaux à l'exception d'une discrète hypocalcémie. Une recherche de toxiques n'objective aucune prise médicamenteuse récente. Un examen clinique est réalisé par le neurologue du centre hospitalier, qui ne retient pas d'anomalie, et tant l'électroencéphalogramme que la tomodensitométrie cérébrale sont considérés comme normaux.

En revanche, le neurologue est frappé par la désorientation de la patiente qu'il considère comme «paradoxale», dans la mesure où elle est fluctuante, avec une alternance de réponses, sinon correctes, du moins adaptées, et de réponses «bizarres» : quand il lui demande si elle sait où elle se trouve, elle réplique qu'elle est «au Louvre».

Ainsi, émerge l'hypothèse d'une pathologie psychiatrique, d'autant que le tableau clinique s'est enrichi d'un indéniable théâtralisme.

Monique rencontre un psychiatre trois jours après son admission.

Lors de ce premier entretien, le praticien relève le caractère quasi systématique de la fausseté des réponses ainsi que leur spontanéité. Monique répond immédiatement «à côté». Quand le psychiatre l'interroge sur la profession qu'il exerce, elle dit qu'il est «celui qui distribue la communion». De même, les dates qu'elle indique sont erronées et elle pense être hospitalisée depuis dix jours.

Les réponses fausses sont associées à des éléments discordants et délirants, d'une part, et à une symptomatologie hystérique, d'autre part. Les entretiens suivants confirment la désorientation temporo-spatiale particulière et la fausseté presque constante des réponses, néanmoins le plus souvent approchées comme si elle ne répondait pas complètement au hasard. Il n'y a pas d'erreur dans les exercices de calcul simples, mais la patiente exprime un sentiment de facticité de l'ambiance : tout lui apparaît «trafiqué», «minable». Elle se reconnaît également «influencée», avec des hallucinations acoustico-verbales.

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