Pour la première fois depuis les travaux de Friedman (1965), une équipe a étudié le pronostic de la prolongation de la phase de latence (PL). Pour les besoins de l'étude, la PL a été définie comme la phase s'étendant du début du travail, à celui de la phase "active", où la dilatation progresse de plus de 1 cm/h ou dépasse 4 cm. Elle est considérée comme prolongée lorsqu'elle dure plus de 12 h chez une nullipare, et plus de 6 h chez une multipare.
Sur 10 979 parturientes sélectionnées pour leur probabilité d'un accouchement normal, 713 PL prolongées (6,5 %) ont été observées. Même après ajustement multifactoriel sur les autres facteurs de chaque risque particulier (parité, âge gestationnel, poids de naissance, mode d'anesthésie et d'accouchement...), la prolongation de la PL semble élever l'incidence des césariennes, des extractions instrumentales, des liquides amniotiques méconiaux, des Apgars à 5 mn < 7, de la nécessité d'une réanimation néonatale immédiate, et augmenter la durée d'hospitalisation des nouveau-nés. Dans l'étude de Friedman, la prolongation de la PL s'accompagnait également d'un taux plus élevé de retards psychomoteurs ultérieurs. Avec les réserves qu'impose la méthodologie de cette étude rétrospective, il est donc suggéré que la prolongation de la phase de latence multiplie globalement par 2 ou 3 le risque obstétrical.
P. S.
Chelmow D. et coll. : "Maternal and neonatal outcomes after prolonged latence phase". Obstet. Gynecol., 1993 ; 81, 4 : 486-491.
SIMON PASCALE