Une qualité de vie altérée

La goutte est une pathologie chronique et destructrice dont les crises aiguës comme les complications sont susceptibles d’altérer les capacités fonctionnelles des patients atteints et de retentir sur leurs activités quotidiennes.

Pour évaluer la qualité de vie des patients goutteux, une étude observationnelle croisée a été menée au Royaume-Uni, en France et en Allemagne entre avril 2006 et mai 2007. Les données ont été recueillies à l’aide de plusieurs questionnaires génériques : EQ-5D avec une échelle visuelle analogique EVA, SF-36 et MHAQ (Modified Health Assessment Questionnaire).

L’étude a inclus un total de 417 patients, dont 140 britanniques, 163 allemands et 114 français, avec un âge médian de 62 ans. Les valeurs moyennes des différents outils de mesure à l’inclusion, hors de toute crise aiguë, étaient de 0,710 pour l’EQ-5D, 63,3 pour l’EVA, 0,717 pour le SF-36 et 0,472 pour le MHAQ. En analyse bivariée, le score de qualité de vie selon EQ-5D à l’inclusion augmentait significativement avec le jeune âge, l’emploi, le sexe masculin, la durée écoulée depuis la dernière crise et l’absence d’atteinte de la fonction rénale.

Les crises de goutte diminuaient significativement la qualité de vie (-0,503 à l’EQ-5D ; -22,9 à l’EVA ; -0 ,100 au SF-36 ; +0,737 au MHAQ) et cet impact était plus important chez les femmes et chez les français. L’analyse multivariée après ajustement montrait une diminution significative de la qualité de vie à l’inclusion sur toutes les échelles quand augmentait le taux d’uricémie. Pour chaque palier d’augmentation (<60 mg/l, entre 60 et 80 mg/l, entre 80 et 100 mg/l et > 100 mg/l), le score de qualité de vie à l’inclusion était modifié de 0,034 (EQ-5D), 2,23 (EVA), 0,009 (SF-36) et 0,064 (MHAQ). Mais les crises de goutte diminuaient la qualité de vie indépendamment du taux d’uricémie, même si elles étaient plus fréquentes en cas de taux élevés.

La goutte exerce un impact significatif sur la qualité de vie des patients : ses effets sont apparus dans cette étude aussi délétères, ou même davantage, en terme de capacité physique, de douleurs, de vitalité et de fonctionnement social que d’autres pathologies évolutives et/ou invalidantes comme la polyarthrite rhumatoïde, l’insuffisance cardiaque et l’infarctus myocardique. Les patients qui présentaient des crises de goutte et ceux dont les taux d’uricémie dépassaient le seuil de 60 mg/l proposé par l’EULAR avaient les plus mauvais scores de qualité de vie. Ce résultat souligne l’importance d’un traitement et d’une prise en charge appropriés des sujets goutteux. En l’absence d’un outil spécifique de la goutte,  le questionnaire générique EQ-5D est apparu comme l’outil d’évaluation le plus sensible de la qualité de vie des patients.

Dr Odile Biechler

Référence
Van Vlaenderen I et coll. : European study of health-related quality of life in patients with gout. EULAR 2008 (Paris) : 11-14 juin 2008.

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