Une régulation au « matching » pour remplacer les ECNi

Paris, le vendredi 15 juin 2018 - Rendu en décembre dernier à la ministre de la Santé, le rapport piloté par le professeur Jean-Luc Dubois-Randé, ex président de la conférence des doyens des facultés de médecine, et Quentin Hennion-Imbault, ex vice-président de l’Association nationale des étudiants en médecine de France (ANEMF), avait pour mission d’explorer les pistes de réforme du deuxième cycle des études de médecine. Si l’essentiel de son contenu a déjà été rendu public, sa publication dans sa forme définitive intervenue il y a quelque jour permet d’éclairer plus finement les propositions qu’il contient.

Composé de treize recommandations qui vont de la revalorisation de l’enseignement de certaines disciplines à la diversification de l’offre de stage en passant par le renforcement de l’apprentissage ou l’accompagnement des étudiants dans la personnalisation de leurs parcours, ce rapport suggère surtout de supprimer le système d’Épreuves classantes nationales informatisées (ECNi) « au profit d’une régulation en matching » ou « appariement étudiant-poste ». Pour en arriver à cette conclusion, les deux auteurs sont partis du constat que les « les ECNi sont actuellement collectivement décriées, aussi bien par les étudiants que par les enseignants et les professionnels en exercice » pour diverses raisons liées notamment à « la sanctuarisation du critère unique (les connaissances théoriques), l’absence de prise en compte du projet professionnel de l’étudiant » et « l’effet couperet » qualifié de « délétère d’un point de vue psychologique ».

Considérer les aspirations autant que le savoir et les compétences

Les rapporteurs proposent que cette « sortie du classement général sur critère unique », tel qu’actuellement proposé par les ECNi, soit mise en place progressivement pour aboutir, en 2023, à une disparition totale de ces épreuves. Le nouveau schéma explicité dans le document se base sur l’adoption d’une « démarche à plusieurs critères et pondérée » qui prendrait la forme d’un « matching » ou appariement algorithmique plus à même de répondre aux aspirations des étudiants et aux besoins de l’institution.

La mission propose ainsi de se baser désormais sur un trépied constitué des connaissances théoriques, des compétences cliniques et relationnelles ainsi que du projet professionnel de l’étudiant, témoignant de « ses affinités avec telle ou telle spécialité, tel ou tel territoire, tel ou tel mode d’exercice et valorisant ses initiatives ». Le principe du dispositif se présente de la sorte : chaque étudiant formule des vœux pour postuler aux différents postes d’internes disponibles puis un classement est édité pour chaque poste (selon des pondérations qui lui sont propres) et un algorithme permet la répartition des étudiants en fonction de l’adéquation entre les profils et les postes. Pour l’heure, les ministères concernés n’ont pas encore donné leurs avis, mais un texte législatif a déjà été évoqué pour le début de l’année 2019.

Benoît Thelliez

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Vos réactions (2)

  • Une Université médicale est t'elle une école de commerce?

    Le 17 juin 2018

    Ces "propositions" de sélection au "matching" (l'utilisation de ce terme "globish" en dit long, à elle seule, sur l'idéologie des promoteurs!) vise tout simplement à substituer aux connaissances théoriques solides, indispensables dans toute formation sérieuse, des techniques de "management" et de "coaching" directement issues des écoles commerciales, avec leurs gourous, leurs comportementalistes, et toute la smala des incompétents creux et en général ignares qui font florès dans ces pseudo disciplines.

    De plus, il est clair que l'affadissement, puis à terme la suppression d'épreuves classantes anonymes portant sur les connaissances médicales (et rien d'autre que médicales), permettront le développement à l'infini de tous les contournements possibles (en clair, de toutes les magouilles).

    La prise en compte de soit disant "lettres de motivation" dans la démarche d'inscription en PACES en constitue un avant-goût.

    Dr Yves Darlas

  • Les ECN ne font que classer

    Le 18 juin 2018

    Je réagis aux propos précédents : la solution de matching globish n'est pas forcément bonne, mais dire que les ECN prennent en compte les connaissances médicales n'est pas complètement vrai. On peut être classé en ayant zéro et avoir un poste. A moins que j'ai loupé la mise en oeuvre d'une note éliminatoire (enfin !) ?

    Concrètement, nous avons vu débarquer de drôles de personnages avec les ECN, qui n'auraient jamais été acceptés en 3ème cycle auparavant et dont personne ne sait quoi faire. Donc, je ne sais pas quel est le bon mode de sélection, mais en tout cas, les ECN n'en sont pas.

    Dr Marie-Ange Grondin

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