Des études transversales ont montré que les taux d’IgE totales sont plus élevés chez les asthmatiques principalement en raison de l’allergie. La présence d’un taux élevé d’IgE totales pourrait également prédire la survenue ultérieure d’un asthme. C’est ce que montre l’analyse des résultats des spirométries et des mesures d’IgE totales et spécifiques pratiquées chez 4 932 patients de l’étude longitudinale multicentrique (28 centres) ECRHS.
Les examens avaient été réalisés au début de l’étude puis répétés 9 ans plus tard.
Les patients asthmatiques ou ayant des antécédents d’asthme au début de l’étude ont été exclus de l’analyse.
La présence d’une atopie a été reconnue sur la présence d’un taux d’IgE spécifique > 0,35 kU/L pour au moins un des 4 aéroallergènes testés.
Les associations entre le log-tranformed taux d’IgE totales du départ, l’asthme et la chute du VEMS ont été étudiées par analyse logistique multivariée ou analyse de régression linéaire avec un ajustement pour le tabagisme et différentes covariables.
L’incidence de l’asthme était de 5,1 % et la chute moyenne du VEMS était de 29 ml par an.
Un taux d’IgE totales plus élevé s’est avéré associé à une incidence augmentée d’asthme (p = 0,002) et avec un déclin accéléré de la fonction pulmonaire (p=0,08).
Ces associations étaient présentes et n’étaient apparentes que chez les atopiques (valeurs de p pour l’interaction = 0,02 et 0,07 respectivement) ; une élévation de 20 % du taux total d’IgE était associée à une augmentation de 6 % du risque de survenue ultérieure d’un asthme (p = 0,004), et d’un déclin plus rapide de 0,13 ml par an du VEMS (p = 0,04).
Ces résultats suggèrent donc qu’en plus de l’atopie, le taux des IgE totales sériques pourrait être un marqueur de risque d’asthme et de déclin plus rapide de la fonction respiratoire.
Dr Geneviève Démonet
