Paris, le mercredi 4 août 2021 - « La troisième dose
est inéluctable », le mot a été lancé sur LCI par le Pr Gilles
Pialoux. Il a ainsi parfaitement résumé la situation !
Partout dans le monde, petit à petit, l’idée d’une troisième
dose, injectée à une large part de la population, semble
s’imposer.
Israël et les pays du Golfe : encore pionniers !
En Israël, le Premier ministre a annoncé jeudi dernier
l’autorisation d'une troisième dose aux personnes âgées de plus de
60 ans.
Tour du monde de la troisième dose
En Europe, le gouvernement allemand a annoncé lundi que dès le
1er septembre, les populations âgées et vulnérables, ainsi que les
personnes n'ayant pas reçu de vaccin à ARN messager, pourront
bénéficier d'une dose de rappel de vaccin contre la Covid-19. L'âge
des personnes concernées n'a pas encore été précisé par le
ministère allemand de la santé.
Pour étayer cette décision les autorités sanitaires
d’Outre-Rhin s’appuient sur une étude allemande, publiée le
27 avril dernier dans la revue Clinical Infectious Disease
qui concluait que 30 % des plus de 80 ans testés ne possédaient
plus, après 3 mois, suffisamment d’anticorps neutralisants. «
Une stratégie de rappel par une 3e dose ARNm chez cette
population semble donc justifiée. La balance bénéfice/risque pour
cette approche est clairement en faveur d'un bénéfice, au vu de
l'absence d'effets indésirables graves » analyse le Conseil
scientifique allemand…tout en relevant le manque de données
précises pour le moment.
Le Royaume-Uni se préparerait également à réserver 32 millions
de doses de vaccins aux boosters dès le mois de septembre selon
The Daily Telegraph dans un article publié dimanche. «
Tous les adultes de 50 ans et plus, ainsi que les
immunodéprimés, se verront proposer les rappels », écrit le
quotidien britannique.
Dans le reste du monde, l'Indonésie et la Turquie ont commencé
à vacciner leurs professionnels de santé avec une troisième dose et
le Cambodge a indiqué son intention d’utiliser les vaccins
AstraZeneca et ceux de Sinopharm et Sinovac comme booster en
troisième injection, pour les « travailleurs en première
ligne ».
Les dés sont-ils pipés ?
Déjà, Le 12 juillet dernier, lors de son allocution, Emmanuel
Macron avait entrevu «une campagne de rappels, dès la rentrée, pour
les personnes vaccinées en janvier-février».
La Haute autorité de Santé a rendu mi-juillet un premier avis
s'opposant à une troisième dose « généralisée ». « S'il
paraît très probable qu'une injection de rappel procurera
effectivement un effet boost [...], les données disponibles à ce
jour ne permettent pas d'évaluer précisément l'impact ni la
nécessité d'un tel rappel sur la prévention des échecs
vaccinaux » écrivait ainsi l’institution qui doit rendre un
nouvel avis sur cette question avant la fin du mois. Avis qui aura,
très probablement, évolué…
Olivier Véran, lui, insiste : « on n'a pas aujourd'hui
d'arbitrage, ni même de vision tout à fait stabilisée sur les
personnes qui seraient susceptibles de se voir proposer une
troisième dose à la rentrée » bien qu’on « commence à avoir
un consensus scientifique » sur un possible «
affaiblissement des réponses immunitaires chez certaines
personnes autour de neuf mois après la première injection
».
Néanmoins on peut s’interroger sur ces atermoiements quand on
lit l’avis du 30 avril 2021 du Conseil d’orientation vaccinale qui
écrivait déjà les lignes suivantes : « On peut considérer que la
vaccination contre la Covid-19 nécessitera un ou des rappels. A
l’issue de la campagne de primo-vaccination, lorsque tous les
adultes qui le souhaitent auront pu avoir accès à une première
vaccination à deux doses, il faudra donc raisonnablement entamer
une campagne de rappels de vaccination anti-Covid-19 (…)
cette campagne de rappels de vaccination devra être accompagnée de
campagnes de promotion de la vaccination s’appuyant sur les
méthodes de marketing social ».
Un caprice de pays riche ?
Une institution, et pas des moindres, s’oppose fermement à
cette campagne de rappel. L’OMS (Organisation Mondiale de la Santé)
fustige ainsi un caprice de pays riches qui risque « d’aggraver
l’inégalité dans l'accès aux vaccins », alors même que le
dispositif international Covax n'a rempli que 20 % de ses
objectifs.
F.H.
