
Des études épidémiologiques ont identifié plusieurs facteurs
liés au mode de vie qui diminuent individuellement le risque de
maladie d’Alzheimer. Qu’en est-il de l’association de ces
différents facteurs en population générale ? Autrement dit: «
adopter un mode de vie sain peut-il diminuer le risque de
maladie d’Alzheimer ? » La réponse est définitivement oui
!
Pour le démontrer, les auteurs ont utilisé les données de deux
études épidémiologiques prospectives ayant inclus des personnes de
plus de 65 ans : la Chicago Health and Aging Project (CHAP ;
n = 1 431 ; suivi de 9,1 ans) et la Rush Memory and Aging
Project (MAP ; n = 920 ; suivi de 6 ans). Durant le suivi, 20,5
% et 24,9 % des sujets ont respectivement développé une maladie
d’Alzheimer. L’analyse montre que pour chaque facteur « de style
de vie à bas risque d’Alzheimer » adopté, le Hazard ratio (HR)
est de 0,78 (intervalle de confiance à 95 % [IC95] de 0,71 à
0,86).
Pour les sujets ayant adopté 2 ou 3 facteurs de mode de vie
saine, le risque est diminué de 39 % (HR = 0,61, IC95 de 0,48 à
0,78) comparativement aux sujets ayant adopté uniquement 0 ou 1
facteur de vie saine. Ce risque est abaissé de 59 % lorsque les
sujets ont adopté 4 ou 5 facteurs de risque de vie saine (HR =
0,41, IC95 de 0,28 à 0,58). Pour rappel, les facteurs de vie saine
sont 1/l’absence de tabagisme, 2/ une consommation d’alcool légère
à modérée (1 à 15 g/jour pour les femmes et de 1 à 30 g/jour pour
les hommes), 3/ des activités cognitives quotidiennes (lecture de
journaux, écriture, fréquentation d’une bibliothèque, jeux d’échecs
ou de dame), 4/une activité physique hebdomadaire d’au moins 150
minutes et un régime MIND* pour Mediterranean-Dash Intervention
for Neurodegenerative Delay. Ce bénéfice n’est pas différent
entre hommes et femmes ou selon l’origine ethnique. Par ailleurs,
chez les personnes génétiquement prédisposées à la survenue d’une
maladie d’Alzheimer, l’adoption d’un mode vie sain (décrit
ci-dessus) diminue d’un tiers le risque de développement de la
maladie.
* Le régime MIND s’inspire du régime méditerranéen reconnu
pour son intérêt dans la prévention des pathologies
cardiovasculaires grâce à une alimentation riche en graisses
polyinsaturées et en oméga 3. Ces oméga 3 ont aussi l’avantage
d’apporter des graisses bonnes pour le cerveau. Le régime MIND
s’appuie aussi sur le régime DASH, un protocole américain destiné à
prévenir l’hypertension artérielle en supprimant de l’alimentation
les produits transformés et en leur préférant des produits bruts
avec le moins de sel possible. Ces produits transformés ont aussi
un impact négatif sur le cerveau.
Dr Emmanuel Zinski