L’allergie est une cause d’urticaire aiguë mais pas d’urticaire chronique. La recherche d’une allergie, en particulier alimentaire, ne fait d’ailleurs pas partie de la démarche diagnostique.
L’exception confirme la règle comme le montre la publication par une équipe italienne du cas d’un jeune homme de 19 ans présentant une urticaire chronique évoluant depuis plusieurs années. Les épisodes d’urticaire et d’angio-œdème récurrents, quasi quotidiens, étaient traités par antihistaminiques, parfois corticostéroïdes avec de nombreux recours aux urgences.
Ce patient n’avait aucun signe d’allergie respiratoire mais avait un terrain atopique familial.
La famille ayant fait un rapprochement entre certains épisodes sévères et la prise d’aspirine ou d’AINS, ces médicaments avaient depuis lors été évités. Le paracétamol était par contre bien toléré.
L’urticaire n’avait pu être associée à aucun facteur alimentaire particulier.
Le bilan biologique effectué (NFS, VS, CRP, anticorps anti-thyroïdiens, fractions du complément, anticorps antinucléaires) était normal.
Des prick-tests cutanés ont été réalisés à l’aide d’extraits commerciaux d’allergènes respiratoires et alimentaires : une réaction importante est survenue avec les extraits de pollen de bouleau et la pêche et une faible réaction a été notée pour la carotte et la noisette.
Tous les autres tests étaient négatifs (autres pollens compris ainsi que les autres aliments et Anisakis simplex).
L’interrogatoire a permis alors d’apprendre que le patient consommait quotidiennement du thé à la pêche depuis de nombreuses années !
L’éviction a permis la disparition de l’urticaire.
Un prick-test a été réalisé avec le thé en question : il n’était que faiblement positif. Par contre le test de provocation oral ouvert avec le thé a été suivi de la récidive de l’urticaire.
Le thé contenant 30 µg/mL de protéine de transfert lipidique (LTP,) mais pas de PR-10 (Pathogenesis related) ni de profiline, une allergie à la LTP de la pêche a été diagnostiquée.
La faible réactivité à la carotte a été rapportée à la sensibilisation au pollen de bouleau (pas de LTP dans la partie comestible de la carotte) et peut-être aussi celle à la noisette.
Le patient a refusé le prélèvement pour le dosage d’IgE spécifiques ainsi qu’un test de provocation à l’aspirine.
L’hypersensibilité aux LTP est caractérisée par une expression clinique variable. Une association entre une intolérance à l’aspirine et une hypersensibilité aux LTP a par ailleurs été décrite.
Dr Geneviève Démonet